Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est une “Bitcoin Treasury Company” ?
C’est un concept développé initialement par MicroStrategy aux États-Unis et par une entreprise au Japon nommée Metaplanet. Plusieurs entreprises achètent déjà du Bitcoin, mais seulement ces deux-là ont véritablement structuré une stratégie de “Bitcoin Treasury Company”, dont le but est d’augmenter le nombre de bitcoins par action.
Lors de leur dernier “earnings call”, le patron de MicroStrategy, Michael Saylor, a expliqué que leur stratégie consistait à acheter du Bitcoin, le placer sur leur bilan, et ainsi augmenter leurs volumes. Cela leur permet aussi d’obtenir des conditions de financement plus favorables. En résumé, ils achètent du Bitcoin, l’ajoutent à leur bilan financier, ce qui augmente les volumes et, à terme, les rend éligibles à de meilleures conditions de financement.
Quand vous parlez de volumes, vous faites référence à quel type de volume exactement ?
Les volumes peuvent faire référence au nombre d’investisseurs dans l’entreprise, au montant des investissements, ou encore au marché des options qui se développe autour de leur stratégie. Tout cela permet de meilleures conditions de financement, d’acheter davantage de Bitcoin, d’augmenter la volatilité et les volumes sur leur bilan.
Contrairement à d’autres marchés, où la volatilité est souvent mal perçue, dans ce cas précis, elle est vue positivement parce que le Bitcoin est un actif stable à long terme. En générant plus de volatilité, l’entreprise bénéficie d’un meilleur financement et peut poursuivre sa stratégie d’accumulation.
Donc, pour résumer, la stratégie est d’accumuler du Bitcoin indéfiniment et sans intention de vente ?
Exactement. La stratégie est simple : accumuler du Bitcoin, le détenir indéfiniment et utiliser les marchés de capitaux pour financer ces acquisitions.
Pouvez-vous nous donner plus de détails sur les modes de financement, notamment la dette convertible ?
Dans le cas de MicroStrategy, par exemple, leur dette convertible a permis aux détenteurs de la dette de réaliser des rendements supérieurs au Bitcoin, car il ne s’agit pas d’instruments de dette traditionnels. Ils peuvent obtenir des rendements de +30 %, voire +70 % dans certains cas, en raison de la nature long-terme de cette dette, qui présente des risques moindres.
Ces entreprises se basent sur une stratégie d’accumulation soutenue par leur activité opérationnelle. Dans le cas de The Blockchain Group, notre activité opérationnelle comprend des entreprises dédiées à l’intelligence artificielle, à la data intelligence et aussi à la blockchain via nos entités Iorga et Trimane. Une base opérationnelle solide est essentielle, car elle peut générer des flux de trésorerie pour soutenir cette stratégie à long terme.
La mise en place de cette stratégie a-t-elle soulevé des questions ou des objections de la part des actionnaires ?
Sur ce point, je ne peux pas donner trop de détails, mais ce que je peux dire est déjà mentionné dans notre communiqué de presse.
Nous avons annoncé une levée de 1 million d’euros avec un prix de souscription de 0,20 euro, offrant une prime de 70 % par rapport au cours de l’action. Cela montre bien qu’il y a eu un fort intérêt pour notre stratégie. Nous avons également précisé dans le communiqué que l’entreprise se réserve la possibilité de mener d’autres opérations similaires.
En quoi la stratégie de MicroStrategy vous a-t-elle inspirés ? Cherchez-vous à reproduire leur modèle ?
Oui, à certains égards, mais il y a des différences. Il est important de distinguer le bilan de l’entreprise et le compte de résultat. Ici, nous sommes vraiment focalisés sur le bilan. Aujourd’hui, Bitcoin est le meilleur actif de réserve disponible grâce à ses propriétés uniques.
D’autres entreprises comme Metaplanet ont adopté une stratégie similaire, même si elles restent de taille inférieure à MicroStrategy. Ce qui est intéressant chez des sociétés comme MicroStrategy ou Metaplanet, c’est que les investisseurs commencent à évaluer les actions de ces entreprises avec des multiples plus élevés par rapport à la valeur de leurs bitcoins en bilan, car ils voient cette stratégie comme un modèle de croissance.
Quel est l’intérêt pour un investisseur d’acheter des actions de The Blockchain Group plutôt que de posséder du Bitcoin directement ?
Il y a plusieurs façons d’acquérir du Bitcoin.
Un investisseur particulier peut l’acheter directement sur une plateforme d’échange, mais cela implique la gestion de la sécurité (conservation), et des risques associés à la conservation des clés privées.
Pour les investisseurs institutionnels, il y a les ETP (Exchange Traded Products), mais ils incluent des frais de gestion. En investissant dans une entreprise comme la nôtre, les investisseurs obtiennent une forme d'exposition indirecte au Bitcoin à travers une action traditionnelle. Cela signifie qu’ils n’ont pas à gérer directement les risques de conservation, et ils peuvent bénéficier potentiellement d’un multiple de valorisation. De plus, ils peuvent accéder aux actions via des comptes traditionnels comme le PEA en France.
Pourquoi considérez-vous Bitcoin comme “l’actif du siècle” ?
Le Bitcoin a connu la plus forte croissance de tous les actifs mondiaux au cours des qunize dernières années. C'est le seul actif au monde à offrir une rareté vérifiable et immuable, avec un maximum de 21 millions d’unités.
Contrairement à l’or, dont la rareté n’est pas absolue, le Bitcoin offre une décentralisation et une sécurité inégalées. Son taux de croissance annualisé est d’environ 25 à 50 % sur quatre ans, et on peut envisager une valorisation similaire à celle de l’or dans le futur, avec des perspectives de croissance qui pourraient potentiellement multiplier sa valeur par 10 ou même 100 sur le long terme.
MicroStrategy a récemment fait face à des préoccupations liées aux appels de marge. Comment gérez-vous ce risque ?
En effet, MicroStrategy avait contracté une dette avec Silvergate Bank, et cela avait suscité des craintes de liquidation à un certain prix du Bitcoin. Cependant, MicroStrategy a retiré cet instrument et évité d’utiliser le Bitcoin en tant que collatéral, préférant opter pour des financements à long terme sans appel de marge.
De notre côté, la levée de fonds que nous avons réalisée est basée sur de l’equity, ce qui signifie que nous n’avons ni collatéral ni risque d’appel de marge, offrant ainsi une plus grande sécurité.
Comment gérez-vous la conservation de vos Bitcoins ?
Nous avons annoncé que nous passons par la banque Delubac pour la custody. La banque a également un partenariat avec la start-up suisse Taurus , ce qui renforce la sécurité de nos actifs.
Vous considérez-vous comme le “MicroStrategy européen” ?
Oui, nous sommes en quelque sorte le MicroStrategy européen, du moins notre stratégie de trésorerie s'en inspire directement. Nous sommes la première entreprise en Europe à adopter une stratégie de “Bitcoin Treasury Company”, mais dans un cadre réglementaire français et européen.
Contrairement à d’autres entreprises qui achètent du Bitcoin pour diversifier leurs actifs, notre stratégie de trésorerie est entièrement dédiée à cet objectif d'accumulation de Bitcoin à long terme. Nous nous distinguons par notre focalisation sur l’augmentation du nombre de Bitcoin par action au fil du temps, ce qui peut se traduire par une croissance potentielle de la valeur par action, en fonction de l’appréciation du Bitcoin.
De plus, nous avons une activité opérationnelle importante indépendamment de cette stratégie de gestion de trésorerie.