*Ce texte est issu de notre interview publiée sur YouTube
The Big Whale : Vous êtes basé à San Francisco qui est une ville historiquement très progressiste. Comment est l’ambiance sur place après l’élection de Trump ?
La politique est toujours un sujet délicat, mais pour le moment, de manière surprenante, les choses se sont plutôt bien passées.
Les cryptomonnaies sont un sujet à la fois soutenu par les républicains et les démocrates, et globalement, l’industrie est satisfaite de voir un environnement politique plus favorable aux cryptos. Ce dont les cryptos ont vraiment besoin, c’est d’un leadership politique qui comprenne leur potentiel disruptif et les changements positifs qu’elles peuvent apporter à l’économie.
Chez Mysten Labs et à la Fondation Sui, notre objectif reste de développer les meilleurs produits, quelles que soient le pouvoir politique. Qu’il s’agisse d’un Républicain ou d’un Démocrate, notre priorité est de continuer à innover et à mener nos projets à terme.
Justement, à la suite de cette élection, le marché crypto a connu une forte hausse. Sans se focaliser sur les prix, diriez-vous que votre écosystème a bénéficié de cette amélioration ?
Totalement. La baisse de l’incertitude autour des cryptos est un point très positif. Les plateformes qui résolvent de vrais problèmes globaux sont bien positionnées pour prospérer dans cet environnement. Pour Sui, cela correspond à notre vision de devenir l’écosystème leader.
Nous avons toujours voulu devenir la plateforme la plus rapide et la plus évolutive de l’industrie. Et les résultats parlent d’eux-mêmes : Sui connaît une forte croissance du nombre de ses développeurs, une augmentation de la TVL (Total Value Locked) dans son écosystème, et des volumes de trading significatifs.
“Sui suscite un fort intérêt institutionnel” Pensez-vous que les choses sont désormais plus simples ? Plus précisément, après l’élection de Trump, les acteurs traditionnels comme les banques ou les gestionnaires d’actifs sont-ils plus enclins à travailler sur des projets cryptos ?
Sui suscite un fort intérêt institutionnel depuis quelques temps, et le climat politique actuel ne fera qu’accélérer cette tendance.
Lorsque les institutions envisagent de construire sur un Layer 1 (blockchain de première couche), elles ont des exigences spécifiques, notamment en matière de scalabilité et de performance. Notre offre est unique, car nous offrons un temps de traitement de 300 à 400 millisecondes, sans avoir recours à de l’optimistic (une solution de scalabilité propre à l’écosystème Ethereum). Aucune autre blockchain ne propose cela.
Nous avons signé plusieurs partenariats avec des institutionnels, il y aura d’autres annonces, et je m’attends à ce que cela continue à mesure que davantage d’acteurs reconnaissent les avantages technologiques offerts par Sui.
Le marché compte déjà de nombreux layer 1: Solana, Aptos, Ethereum. Qu’est-ce qui distingue Sui des autres ?
La différence clé réside dans notre équipe et notre vision. Alors que la plupart des acteurs construisent des blockchains, nous nous concentrons sur la création d’une couche de coordination globale.
La blockchain elle-même représente un marché de plusieurs milliards de dollars, mais une couche de coordination globale a le potentiel de devenir une industrie de plusieurs milliers de milliards de dollars. Nos aspirations vont bien au-delà d’être simplement un autre layer 1.
Internet est de plus en plus centralisé, et j’ai pu le constater directement à l’époque où je travaillais chez Facebook et Google. Notre équipe—ingénieurs, scientifiques et fondateurs—a des décennies d’expérience dans la construction de plateformes pour développeurs et de systèmes à grande échelle.
Il y a notamment Evan Cheng, qui a joué un rôle clé dans le développement de LLVM (Low Level Virtual Machine), une infrastructure qui est largement présente dans des appareils comme les téléphones et les ordinateurs portables. Il y aussi Sam Blackshear, qui a inventé le langage de programmation Move chez Facebook.
George Danezis, un scientifique de premier plan en consensus et sécurité, ayant construit certains des algorithmes de consensus les plus performants utilisés aujourd’hui.
L’équipe de Mysten Labs compte également Kostas Chalkias, qui a développé des algorithmes utilisés notamment par les plus grandes Bourses ; il a également conçu des systèmes cryptographiques pour des plateformes comme WhatsApp et Facebook.
Vous misez également beaucoup sur “Move”, votre langage de programmation.
Effectivement. Move se veut être plus simple à rédiger afin de réduire les erreurs et augmenter la sécurité par rapport à des langages comme Solidity, Rust ou d’autres de l’écosystème EVM (Ethereum Virtual Machine, ndlr.).
De manière générale, Sui a été conçu pour les développeurs. Son modèle centré sur les “objets” est en adéquation avec la manière dont les développeurs pensent, ce qui facilite une adoption rapide de la plateforme.
La sécurité est intégrée au système, éliminant de nombreuses vérifications manuelles requises sur d’autres réseaux comme Solana ou Aptos.
Nous n’aimons pas tellement l’appellation de blockchain, nous préférons plutôt définir Sui comme une plateforme qui permet d’interagir avec les technologies décentralisées.
Presque tous les cofondateurs ou concepteurs de blockchains de layer 1 mettent l’accent sur la vitesse. Mais est-ce vraiment cela qui intéresse le plus les institutionnels ? Le coût n’est-il pas aussi un sujet ?
La vitesse est essentielle, mais il faut pouvoir la démontrer à grande échelle. De nombreuses plateformes revendiquent une faible latence, mais le véritable défi est d’avoir cette faible latence avec des millions d’utilisateurs. Actuellement, aucune autre plateforme Web3 n’y arrivent.
Et vous avez tout à fait raison : l’aspect économique est également crucial. Imaginez diriger une entreprise où, aujourd’hui, vous payez un centime par transaction, mais si vous atteignez un million d’utilisateurs, le coût passe à 20 centimes par transaction. Ce n’est pas viable. Sui a résolu ce problème en garantissant que les frais de gas restent bas et constants. Le réseau est capable de traiter un débit élevé avec un coût faible.
Et comment avez-vous réussi cela ?
La différence réside dans notre manière de construire les blocs. Sur la plupart des blockchains, l’espace de blocs est fini, ce qui signifie qu’une demande accrue entraîne une augmentation des coûts.
Sui inverse ce paradigme : notre espace de blocs est essentiellement infini. Dans les blockchains traditionnelles, ajouter du hardware ralentit souvent le réseau. Ce que nous avons réussi, c’est permettre l’ajout de hardware sans ralentir le réseau.
Pendant les périodes de forte demande, vous pouvez ajouter du hardware pour traiter des millions de transactions par seconde. Lorsque la demande diminue, vous faites l’inverse, diminuant ainsi les coûts tout en maintenant l’efficacité du réseau.
Cette flexibilité garantit que les frais de gas restent stables. Les validateurs votent quotidiennement pour déterminer les frais de gas, équilibrant l’offre et la demande. Si les frais sont trop élevés, cela décourage les utilisateurs ; s’ils sont trop bas, les validateurs risquent de perdre de l’argent. Cette dynamique crée un modèle économique stable et équitable.
Mais comment vous assurez-vous que cette scalabilité n’impacte pas la latence ?
L’architecture de Sui a spécialement été conçue pour maintenir une faible latence, quel que soit le débit. Que nous traitions une transaction ou un million, Sui garantit une exécution en 300 à 400 millisecondes.
C’est plus rapide que le temps de chargement de la plupart des sites web, qui est en moyenne de trois secondes. Cette vitesse est inégalée - aucune autre blockchain, comme Solana ou Aptos, ne peut atteindre cela.
Cette capacité provient de l’expérience de notre équipe dans la construction de systèmes à grande échelle dans des entreprises comme Google et Facebook.
Nous avons appliqué cette expertise pour créer une blockchain qui évolue sans effort tout en offrant des outils incomparables pour les développeurs. Sui permet aux développeurs de créer des produits décentralisés incomparables.
Cette combinaison de scalabilité, d’efficacité économique et de rapidité est ce qui nous différencie.
Aptos, votre principal concurrent, utilise aussi Move. Qu’est-ce qui vous différencie ?
Tout d’abord, il convient de noter que Move a initialement été développé par Sam Blackshear, qui est le Chief technical officer (CTO) de Mysten Labs.
Chez Meta (ex-Facebook), l’objectif de Libra n’était pas de permettre à des millions d’utilisateurs d’interagir directement avec la blockchain. Libra a été conçue pour des intermédiaires - comme les plateformes d’échanges - afin de faciliter cette interaction.
Lorsque nous avons quitté Meta, notre vision a changé : nous voulions construire une plateforme permettant aux individus d’interagir directement avec la blockchain.
Aptos, en revanche, a essentiellement repris le code original de Meta et l’a fait évoluer. Bien qu’ils aient apporté de bonnes améliorations, Sui a été construit à partir de zéro.
Nous avons développé un nouvel algorithme de consensus et restructuré Move pour le rendre plus orienté “objet”. Ce modèle centré sur les objets donne à Sui le moteur de transactions le plus rapide et le plus parallélisable au monde.
L’une de nos innovations clés est le concept de Programmable Transaction Blocks (PTBs), qui permet d’enchaîner plusieurs transactions et de les traiter simultanément. Par exemple, vous pouvez exécuter 50 ou 100 transactions en une seule opération, sans avoir à écrire un seul contrat intelligent.
Cela réduit considérablement la barrière pour les développeurs, rendant la plateforme accessible à ceux qui maîtrisent des langages comme JavaScript ou Python. En fournissant des API simples, nous favorisons une adoption massive.
De plus, Sui prend en charge des champs dynamiques, permettant aux développeurs d’ajouter de nouvelles données à la chaîne au fil du temps, contrairement aux modèles de données fixes des autres plateformes.
Cette philosophie - éliminer les contraintes techniques tout en permettant une évolutivité fluide -vient de décennies d’expérience dans la construction de systèmes à grande échelle dans des entreprises technologiques majeures.
“Nous ne sommes pas un Ethereum killer” A la Paris Blockchain Week, nous avons rencontré Evan Cheng qui a expliqué qu’à termes, le modèle technique d’Ethereum ne serait plus viable. Diriez-vous donc que Sui est une sorte d’“Ethereum killer” ?
Je ne dirais pas que Sui est un "Ethereum killer". Je dirais plutôt que les layer 1 ne sont qu’une partie d’un marché bien plus vaste. Sui n’a pas été créé pour rivaliser dans les limites des plateformes L1 actuelles ; notre objectif est de redéfinir ce qui est possible.
Ethereum, Solana et Aptos sont limités à bien des égards. Leur latence, leur évolutivité et leurs modèles économiques restreignent les types de développeurs et les cas d’utilisation qu’ils peuvent soutenir.
Par exemple, comparez les temps de finalité - Ethereum peut prendre plusieurs minutes, voire plus, tandis que Sui offre une finalité en 300 millisecondes. Même la différence entre 300 millisecondes et une seconde ouvre de nouvelles possibilités pour les applications en temps réel.
Notre mission est de repousser ces limites et de débloquer des cas d’utilisation plus larges pour la technologie blockchain. Nous avons déjà atteint plus de 31 millions de comptes actifs sur Sui, dépassant des écosystèmes qui existent depuis bien plus longtemps.
Sui introduit des paradigmes innovants comme le ZK login, qui permet aux utilisateurs de se connecter via Google, Facebook ou WhatsApp de manière privée et sans autorisation. Cela rend la blockchain accessible à des milliards de personnes sans qu’elles aient besoin de comprendre la technologie sous-jacente.
Plutôt que de se concentrer sur le trading de memecoins ou des applications de niche, Sui est conçu pour être la couche de coordination globale d’Internet - une plateforme permettant des interactions et des innovations fluides à grande échelle.
Donc non, nous ne cherchons pas à "tuer" Ethereum ; nous construisons quelque chose de beaucoup plus grand.
Récemment, Sui a connu un problème où la blockchain a cessé de produire des blocs, ce qui est un événement important pour une blockchain. Pouvez-vous expliquer ce qui s’est passé, pourquoi cela s’est produit, et s’il existe un risque que cela se reproduise ?
Sui est disponible depuis 18 mois, et pendant tout ce temps, nous n’avons eu aucun temps d’arrêt ou panne du réseau. Ce qui s’est passé le 21 novembre n’a duré que deux heures.
La cause était liée à une mise à jour récente que nous avions introduite plus tôt dans la semaine pour le planificateur de transactions, un système qui optimise la priorisation des transactions pour une vitesse maximale.
Malheureusement, un bug dans cette mise à jour est passé sous les radars lors des tests et a causé la panne.
Certains membres de la communauté Ethereum soutiennent que, même si Ethereum n’est ni le plus rapide ni le moins cher, sa fiabilité est incomparable - la blockchain ne s’est jamais arrêtée. Considérez-vous une panne de blockchain comme un problème majeur ?
J’aime établir une comparaison : les réseaux par lignes commutés étaient robustes et fonctionnaient de manière constante pendant des années, mais aujourd’hui, nous utilisons le haut débit, qui est plus rapide et performant. L’argument d’Ethereum sur le fait d’être toujours en ligne est valable, mais cela se fait souvent au détriment de l’innovation et de la rapidité.
Quand on repousse les limites de ce qui est techniquement possible, des pannes occasionnelles peuvent se produire. Solana, par exemple, repousse fréquemment ces limites et a connu plus de pannes que nous. Sui n’en a eu qu’une en 18 mois. Cependant, notre philosophie est claire : nous préférons innover et nous améliorer plutôt que de rester figés.
Même les plus grandes entreprises innovantes - comme Facebook et Google - ont connu des pannes lorsqu’elles introduisaient de nouvelles fonctionnalités et systèmes. C’est la nature même de l’innovation.
Ce qui compte, ce n’est pas d’éviter à tout prix ces problèmes, mais la rapidité avec laquelle vous les identifiez, les résolvez et en tirez des leçons. Chez Sui, c’est exactement ce que nous faisons, et nous restons déterminés à offrir une blockchain à la pointe, qui évolue en fonction des besoins de ses utilisateurs.
Pouvez-vous nous parler des types de projets ou de développeurs qui construisent actuellement sur Sui ? Pourriez-vous également partager quelques chiffres pour donner une idée de la taille de l’écosystème ?
Actuellement, Sui maintient constamment plus de 1,5 milliard de dollars en valeur totale verrouillée (TVL), avec des volumes de trading quotidien sur le réseau dépassant parfois les 300 millions de dollars. Cela place Sui dans le top 10 des layer 1 en termes de TVL et de volumes de trading, ce qui est remarquable pour une plateforme aussi jeune.
En ce qui concerne les protocoles DeFi, nous avons attiré des projets comme SuiLend, qui opérait initialement sur Solana. Leur équipe a constaté que travailler sur Sui les rendait 10 fois plus efficaces en termes d’expérience pour les développeurs par rapport à Solana.
C’est-à-dire ?
Par exemple, nous disposons d'agrégateurs puissants sur le réseau avec des applications qui scannent l’ensemble de la blockchain pour trouver les chemins de trading les plus efficaces.
C’est comme une sorte de GPS pour les échanges, optimisant dynamiquement les routes pour obtenir les meilleurs prix en temps réel. C’est unique, car sur d’autres réseaux, vous devez généralement écrire des contrats personnalisés pour atteindre ce niveau d’optimisation. Les agrégateurs de Sui, comme Aftermath, agissent comme des sites de comparaison de prix, offrant les meilleures transactions sans complexité.
Nous innovons également dans le domaine des NFT. Sur Sui, les NFT stockent leurs données directement sur la chaîne, ce qui est rare, car le stockage blockchain est traditionnellement coûteux. Sui rend cela 100 fois moins cher que Solana et 2000 fois moins cher qu’Ethereum pour le stockage de données.
Nous allons encore plus loin avec le lancement l’année prochaine d’un service fournit par le protocole Walrus qui permettra aux utilisateurs de stocker des pétaoctets de données directement sur le réseau à un coût comparable à AWS ou GCP, avec des avantages supplémentaires comme une haute décentralisation et la sécurité du proof-of-stake.
Cela ouvre la porte au stockage non seulement des NFT, mais aussi des vidéos, modèles d’IA et bien plus, le tout géré par des contrats intelligents.
Bientôt, les utilisateurs pourront également gérer des actifs sur d’autres blockchains en utilisant Sui. Par exemple, vous pourrez gérer du BTC, SOL ou ETH directement depuis Sui tout en bénéficiant de frais de gas plus bas et d’une sécurité robuste. À terme, notre objectif est d’amener des milliards de dollars en volume de trading de Bitcoin sur Sui.
Nous étions présents à la Korea Blockchain Week en septembre, où vous expliquiez cela. Mais le gaming n’est-il pas surtout pertinent en Asie, compte tenu de l’implication profonde de la région dans la culture du jeu vidéo ? Y a-t-il le même potentiel en Europe ou aux États-Unis, où le marché pourrait être moins mature ?
Le gaming est un phénomène mondial - il n’est pas limité à l’Asie. Prenons le modèle du free-to-play : lorsqu’il est apparu, beaucoup l’ont critiqué comme une mauvaise idée. Aujourd’hui, c’est un standard dans le monde entier. L’innovation commence souvent dans une région, mais les modèles réussis se répandent rapidement à l’échelle mondiale.
L’année prochaine, Sui lancera un partenariat majeur qui démontrera le potentiel universel du gaming à une échelle sans précédent.
Au-delà de l’Asie, le gaming résonne parce qu’il repose sur des concepts fondamentaux : la propriété, l’échange, l’achat et la vente d’actifs, ainsi qu’un engagement plus profond avec les personnages et les éditeurs. Ces éléments sont universels.
Les enfants du monde entier regardent des films Roblox- ce qui aurait été inimaginable il y a quelques années. Le gaming façonne désormais les tendances des médias et du divertissement à l’échelle mondiale.
Lors de la Korea Blockchain Week, nous avons présenté la SuiPlay 0x1, une console de jeu réunissant des plateformes comme Steam, Epic Games, PC et Android dans un seul appareil.
Contrairement aux téléphones, où les utilisateurs restent fidèles à un seul appareil, les gamers possèdent souvent plusieurs consoles - Nintendo Switch, PlayStation 5, Steam Deck. SuiPlay intègre ces écosystèmes avec un système d’exploitation qui fonctionne sur divers matériels, y compris les décodeurs TV.
Le système d’exploitation de SuiPlay intègre également ZKLogin, créant instantanément des comptes Sui pour tous les utilisateurs. Pas besoin de wallets, de tokens ou de processus complexes d’intégration. Les joueurs peuvent commencer à échanger et à gagner des récompenses immédiatement. Cette accessibilité est au cœur de la stratégie de Sui pour une adoption massive.
“Le prix d’un token sert de baromètre pour évaluer la valeur d’un l’écosystème” Actuellement, l’écosystème DeFi de Sui est encore relativement petit. Comment prévoyez-vous de le développer ?
Nous avons délibérément évité l’approche de certains concurrents qui consiste à payer des acteurs établis pour migrer leurs écosystèmes et reproduire ce qu’ils ont construit ailleurs.
En ce sens, amener Aave et Uniswap directement sur Sui n’a pas beaucoup de sens. Cette stratégie n’a pas généré de croissance significative dans d’autres écosystèmes.
Notre vision est que Sui est une plateforme différente, et que pour en tirer parti, nous avons donné la priorité à la création d’un réseau de développeurs de base qui comprennent vraiment notre technologie et peuvent exploiter tout son potentiel.
Cette stratégie porte déjà ses fruits. La valeur totale verrouillée (TVL) de Sui dans les protocoles DeFi a considérablement augmenté. Nous voyons maintenant une migration organique depuis d’autres blockchains comme Solana.
Les développeurs mettent leur projet sur Sui parce qu’ils y ont intérêt, pas parce qu’on les paye. Cette croissance organique est bien plus durable que les migrations incitées.
Sui est maintenant classé dans le top 10 pour la TVL et le volume de trading, et c’est la deuxième plus grande chaîne non-EVM après Solana. Sui se développe à une vitesse encore plus rapide que Solana
Franklin Templeton a récemment déployé l’un de ses fonds monétaires sur Sui, tandis que BlackRock a lancé le BUIDL, son fonds monétaire tokenisé, sur Aptos. Où en êtes-vous de l’adoption institutionnelle de ce point de vue ?
Les mêmes acteurs institutionnels que vous avez mentionnés—comme Franklin Templeton et BlackRock—travaillent également avec nous. Nous avons établi un partenariat avec Grayscale, qui a lancé le Sui Trust, et avec VanEck, qui a introduit le Sui ETN.
Nous avons également intégré des stablecoins comme l’USDC de Circle et le FDUSD de First Digital.
Sui est la blockchain la plus rapide et la moins chère pour envoyer des USDC à l’échelle mondiale ; c’est aussi efficace que d’envoyer des USDC par e-mail sans intermédiaires.
L’engagement institutionnel va au-delà de la finance traditionnelle. Nous collaborons également avec des innovateurs dans les domaines du gaming, du commerce et du divertissement.
Nous avons un partenariat avec MoviePass, qui vise à révolutionner l’industrie du cinéma en réimaginant les financements, la fréquentation et les systèmes de récompenses via la blockchain.
Nous travaillons actuellement avec une grande institution financière asiatique, l’une des plus importantes au monde, pour lancer leur fonds directement sur Sui. Cela valide encore davantage la capacité de notre plateforme à gérer des projets d’ingénierie financière et d’innovation à grande échelle.
Au final, Sui n’est pas juste une plateforme pour la finance. C’est une couche de coordination pour les actifs et les activités à travers divers secteurs.
Vous êtes un réseau encore très jeune et la fondation Sui détient encore près de 50 % des tokens. Quel est votre plan pour le décentraliser ?
En effet, mais ces tokens sont activement utilisés pour financer des projets, accorder des subventions et développer durablement l’écosystème.
Le plan de la Fondation est que ces tokens soutiennent la croissance de l’écosystème à long terme. À mesure que nous avançons dans le calendrier d’émission, il y a davantage de tokens, ce davantage de tokens ce qui permet de décentraliser progressivement le réseau.
Contrairement à de nombreux autres tokens, Sui a une offre fixe de 10 milliards de tokens. Cela signifie qu’il est intrinsèquement non inflationniste, offrant une certitude quant à l’offre totale.
De plus, Sui utilise un mécanisme déflationniste : plus les données sont stockées sur la blockchain—qu’il s’agisse de NFT, de métadonnées ou d’autres actifs—plus de tokens sont bloqués de manière permanente. Par exemple, stocker un fichier de 1 Go sur Sui nécessite que des tokens soient conservés.
Ce mécanisme garantit que l’offre de tokens reste limitée à mesure que l’utilisation augmente, rendant Sui de plus en plus déflationniste avec le temps.
Quelle importance accordez-vous au prix des tokens, et pensez-vous que le prix actuel de Sui reflète la valeur de son écosystème ?
Beaucoup disent que le prix des tokens n’a pas d’importance, mais je pense qu’il sert de baromètre pour évaluer la valeur d’un l’écosystème. Il reflète le potentiel que les gens attribuent à Mysten Labs et à la Fondation Sui.
Nous avons récemment observé un intérêt sans précédent des fonds désireux d’investir dans des projets basés sur Sui. Cela indique un fort élan pour l’écosystème, même si le prix du token est un indicateur retardé.
Cela dit, notre principal objectif est de créer de la valeur grâce à la technologie et à l’innovation. En construisant la meilleure plateforme pour les développeurs et en leur permettant de créer des produits exceptionnels, nous assurons la pertinence et l’impact de Sui. Le prix du token reflétera naturellement cela au fil du temps.
Quel est l’objectif ultime de Sui et quel agenda vous fixez-vous pour y arriver ?
L’ambition de Sui va bien au-delà d’être une blockchain de layer 1. Nous visons à construire la couche de coordination mondiale pour les activités numériques. Imaginez un monde où les API -actuellement cloisonnées - fonctionnent directement sur Sui, permettant une intégration transparente entre les applications, de la banque aux réseaux sociaux en passant par le commerce électronique.
La technologie est déjà là, il faut qu’elle soit adoptée. D’ici 2025, nous prévoyons que Sui jouera un rôle central dans la redéfinition des interactions entre utilisateurs et institutions avec la blockchain, en faisant une partie intégrante de la vie quotidienne.