La question aujourd'hui n'est plus de savoir si Bitcoin doit être pris en compte dans nos stratégies économiques et géopolitiques, mais bien comment l'utiliser pour servir les intérêts stratégiques de notre pays.
Depuis sa création, Bitcoin a évolué : il est passé d'une simple curiosité technologique à un véritable levier économique comme on l'a vu cette année avec son adoption accélérée par la finance (BlackRock et d'autres).
Il est également devenu un enjeu géostratégique. Le Salvador en a fait sa monnaie officielle dès 2021 et, depuis, se constitue des réserves, plusieurs États réfléchissent à en faire de même, au premier rang desquels on retrouve les États-Unis de Donald Trump. Pendant sa campagne, le nouveau président américain a annoncé qu'il voulait que son pays constitue une réserve stratégique de bitcoins.
Face à cette situation, la question est simple : que devons-nous en faire en Europe et en France ?
Devons-nous continuer de l'ignorer ? Le légaliser pour encourager l'innovation ? L'adopter comme monnaie officielle ou en faire un outil de diversification financière ? Ou encore exploiter ses potentialités industrielles en utilisant la surcapacité de notre parc nucléaire pour miner du Bitcoin, réduisant ainsi les coûts de production d'électricité tout en favorisant une énergie décarbonée plus accessible ?
Ces questions sont d'une importance capitale. Ne pas les poser, c'est refuser d'anticiper l'avenir et manquer une opportunité historique de renforcer notre souveraineté.
Une responsabilité politique incontournable Pour les décideurs publics, ignorer Bitcoin ou le reléguer à une simple curiosité technologique serait une erreur stratégique majeure.
La France, si elle souhaite conserver sa place parmi les grandes puissances mondiales, ne peut se permettre d'être à la traîne. Nous devons refuser de céder aux discours alarmistes ou mal informés de certains prétendus experts. Ces positions, souvent fondées sur des préjugés ou une méconnaissance du sujet, risquent de condamner notre pays à la marginalité dans un monde où le numérique et les cryptoactifs redéfinissent les règles du jeu.
Face à cet enjeu, il est impératif que l'État prenne ses responsabilités. Ce travail nécessite une réflexion collective impliquant non seulement les pouvoirs publics mais également les citoyens, les chercheurs, les entrepreneurs et les acteurs économiques. Le silence ou l'immobilisme sur cette question serait une faute politique grave, risquant de disqualifier la France en tant que nation souveraine et influente dans le concert des nations.
L'appel à un débat citoyen et législatif En 2021, j'avais déjà tenté d'ouvrir la voie en déposant une première pétition au Sénat. Malgré son échec à réunir suffisamment de signatures, l'objectif restait le même : pousser le gouvernement à débattre sérieusement de la question.
En août 2024, cette pétition a été relancée. Cette initiative s'inscrit dans une logique simple : c'est aux citoyens de montrer la voie, d'imposer ce débat au cœur des priorités de l'agenda politique.
Il est encore temps. Il n'est jamais trop tard pour agir, et en politique, avancer demande souvent persévérance et engagement. Ce n'est pas seulement un enjeu technologique ou économique : c'est un défi civilisationnel, celui de notre souveraineté, de notre compétitivité, et de notre capacité à peser dans les grandes transformations du XXIe siècle.
Alors, qu'attendons-nous pour prendre cette responsabilité à bras-le-corps ?