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Charles d’Haussy (dYdX Foundation) : “Seul Cosmos nous permettait d’avoir le contrôle total sur notre projet”

Charles d’Haussy (dYdX Foundation) : “Seul Cosmos nous permettait d’avoir le contrôle total sur notre projet”

Charles d’Haussy (dYdX Foundation) : “Seul Cosmos nous permettait d’avoir le contrôle total sur notre projet”Charles d’Haussy (dYdX Foundation) : “Seul Cosmos nous permettait d’avoir le contrôle total sur notre projet”

Projet phare de l’écosystème Cosmos, la plateforme de trading dYdX a enregistré des volumes de 166 milliards de dollars depuis sa migration d’Ethereum. Charles d’Haussy, le président de sa fondation, nous détaille la stratégie.

Vous avez choisi de migrer votre projet de l’écosystème Ethereum sur Cosmos, pour quelles raisons ?

Il y a deux ans, nous avons réfléchi à la meilleure façon de continuer à décentraliser le fonctionnement de dYdX. Nous avons conclu que nous ne pouvions pas atteindre cet objectif sans quitter notre environnement initial (un layer 2 développé par Starkware sur Ethereum).

Après une étude approfondie des différentes solutions, allant de Solana aux différents layers 2, nous avons déterminé que le Cosmos SDK (Software Development Kit) était la meilleure option pour nous permettre d’atteindre cet objectif. C’était l’une des solutions les plus matures du marché et elle nous permettait de contrôler chaque aspect technique de notre blockchain sans dépendre d’un tiers.

Et cela n’était pas possible avec d’autres écosystèmes ?

Non, du moins pas totalement. Dans notre nouveau fonctionnement, le staking de notre token DYDX assure la sécurité de notre blockchain, comme dans un système de preuve d’enjeu traditionnel, les validateurs étant rémunérés en USDC, le stablecoin de Circle.

L’autre grand objectif était de réussir à décentraliser notre carnet d’ordres qui, dans l’ancienne version de dYdX, était hébergé sur un serveur AWS. Désormais, chaque validateur le détient au sein de son nœud.

Il était également indispensable de pouvoir développer notre application sur cette base technique. Seul le SDK de Cosmos nous permettait de tout contrôler.

Aujourd’hui, notre nouveau système permet aussi de créer des incitations plus intéressantes pour nos utilisateurs. Depuis le lancement de notre blockchain, nous avons distribué près de 32 millions de dollars d’USDC aux validateurs pour un volume d’échanges cumulé de 166 milliards de dollars.

L’écosystème Cosmos peine à décoller, à l’image du cours du token ATOM dont le prix évolue actuellement autour de 6 dollars, soit le même niveau qu’il avait en 2019. Cet aspect affecte-t-il dYdX ?

Évidemment, le prix de l’ATOM peut être un sujet à long terme, mais la sécurité de dYdX ne dépend pas de Cosmos puisque la chaîne dYdX est souveraine. Toutes les blockchains construites avec le SDK de Cosmos sont indépendantes et souveraines. En termes d’image, il y a évidemment mieux, mais cela ne freine pas notre croissance.

Il est aussi important de préciser à mon sens que l’ATOM n’est plus un “token de VC” du fait de sa longévité, comme l’écosystème Cosmos. Il ne bénéficie donc plus de la même attention de la part des médias ou de Twitter. Pourtant, c’est la seule solution technologique aussi bien établie qui permet de disposer de sa propre appchain sans partir de zéro.

Pourquoi avoir absolument voulu décentraliser votre carnet d’ordres ?

Quand vous tradez sur des plateformes d’échange centralisées comme Binance ou Coinbase, le carnet d’ordres est hébergé dans une base de données centralisée. Ainsi, la transparence sur son fonctionnement est très limitée, comme en finance traditionnelle.

La proposition de valeur de dYdX est basée sur la transparence de ce carnet d’ordres. Les utilisateurs peuvent vérifier comment les acteurs du marché se placent et prennent position, ou comment le carnet d’ordres fonctionne. Cette transparence permet de déployer des stratégies de trading plus performantes et, surtout, de vérifier qu’aucun acteur ne bénéficie de passe-droit. C’est une demande forte du marché, mais aussi des régulateurs.

Ne risquez-vous pas de souffrir d’un manque d’interopérabilité en ayant votre propre blockchain ?

Dans notre cas, pas du tout. dYdX est un cas particulier, notamment parce que nous sommes spécialisés dans les produits dérivés, ce qui nous rend moins dépendants en termes d’interopérabilité et de gestion des tokens que pour des protocoles de lending. Les tokens qui sont tradés sont tous synthétiques. En réalité, nous ne gérons que deux “vrais” tokens : l’USDC et le DYDX. Lancer notre propre blockchain avait donc du sens pour toutes les raisons évoquées plus haut.

Lancer une appchain est loin de faire sens pour la majorité des protocoles. En revanche, il sera intéressant de voir si de grandes entreprises comme Nike, Amazon ou Apple seront tentées de le faire dans le futur. Une appchain fait sens pour un acteur qui a déjà une taille critique avec une base d’utilisateurs importante.

Il est aussi important de comprendre que de plus en plus, certains acteurs auront les moyens de devenir des sortes de “super-apps” via lesquelles les utilisateurs auront accès à un ensemble de services essentiels, comme des réseaux sociaux ou des services financiers. C’est notamment le cas de WeChat en Chine ou de ce que Telegram essaie de faire avec sa blockchain TON.

Chaque région du monde aura ses “super-apps” via lesquelles le nouvel Internet sera consommé, notamment la finance décentralisée (DeFi). La nouvelle formule de dYdX permet d’entrevoir la possibilité d’être présent dans un maximum d’écosystèmes de ces “super-apps”.

Concernant les dérivés, n’avez-vous pas peur de la concurrence grandissante des plateformes d’échanges centralisées qui cherchent à acquérir des licences, notamment en Europe ?

Pour le moment, nombreuses d’entre elles peinent à obtenir ce type de licences, notamment en Europe. Mais au-delà de ça, nous pensons que l’avenir du trading se situe on-chain.

Il y a déjà un basculement vers le trading au comptant (spot) des plateformes d’échanges centralisées vers des acteurs décentralisés comme Uniswap, qui permet d’échanger un nombre significativement plus important de paires, notamment parce que n’importe qui peut lancer sa paire de trading librement. dYdX permet la même chose avec plus de 800 paires disponibles pour un volume d’échanges journalier entre 1 milliard et 1,5 milliard de dollars.

Concernant les entreprises, observez-vous un intérêt grandissant de la part des acteurs institutionnels ?

Pour le moment, nos utilisateurs institutionnels sont principalement des entreprises crypto-natives. Les acteurs traditionnels préfèrent encore trader via des entités centralisées.

Est-ce réaliste de voir un jour des actifs du monde financier traditionnel disponibles sur dYdX ?

C’est à l’organisation autonome décentralisée (DAO) de décider d’intégrer ou non de nouveaux actifs. À ce jour, de nombreuses questions réglementaires entourent le listing d’actifs traditionnels sur dYdX, notamment en ce qui concerne la législation sur les titres financiers. Personnellement, je ne pense pas que la proposition de valeur soit réelle, car le trading sur ce type d’actif en dérivés fonctionne très bien dans le système traditionnel. Nous voulons vraiment nous concentrer sur des actifs nativement on-chain.

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