C’est tout le paradoxe du “Bear Market”. Alors que certaines start-up Web3 peinent à attirer les investisseurs (lire notre enquête) , d’autres, à l’image de Swaap Finance, n’ont pas de mal à lever des fonds. La start-up française spécialisée dans la finance décentralisée (DeFi) vient de lever 4,1 millions d'euros (4,5 millions de dollars).
Plusieurs fonds ont participé au tour de table. L’allemand Signature Ventures (connu pour ses investissements dans la deep tech crypto), le franco-américain Newfund spécialisé dans la DeFi, ainsi que le fonds asiatique C2 Ventures positionné dans la DeFi et le gaming. Kima Ventures, le fonds de Xavier Niel, est également de la partie.
“Nous sommes fiers d’avoir réuni les trois géographies principales de l’industrie crypto”, explique son co-fondateur Cyrille Pastour. “Nous avons désormais toutes les armes pour traverser cette période compliquée et nous développer”.
Plusieurs business angels ont également mis au pot :
Pascal Gauthier (Ledger), Jean-Marie Mognetti (CoinShares), Alexandre Stachtchenko (KPMG), Claire Balva (ex-KPMG) ou encore Julien Bouteloup (Stake Capital). Tous ont investi en actions car Swaap n’a pas (encore) de token.
Un market maker transparent
Swaap Finance fait partie des projets qui ambitionnent d’améliorer le système financier. Selon ses concepteurs, la finance décentralisée (DeFi), dont le principe est de réduire le nombre d’intermédiaires financiers, serait une infrastructure “plus juste, plus efficiente et plus sécurisée”.
Swaap est ce que l’on appelle un market maker, c’est-à-dire un acteur qui fait le lien entre les acheteurs et les vendeurs de titres (actions, obligations) sur les marchés. Sauf que contrairement aux acteurs classiques et même du Web3, Swaap n’est pas réservé qu’aux acteurs de poids du marché.
“Tout le monde peut apporter de la liquidité à Swaap Finance”, indique Cyrille Pastour, qui souligne aussi que le projet ne conserve pas les cryptos des utilisateurs (non custodial).
Ces arguments trouvent de l’écho après les scandales Three Arrows Capital ou Alameda. Ces fonds crypto avaient fait des paris ultra spéculatifs avec l’argent qui leur avait été confié.
Swaap challenge aussi les modèles décentralisés existants, comme Uniswap, en éliminant ce que l’on appelle “l’impermanent loss”. Ce phénomène se produit lorsqu’un pourvoyeur de liquidité subit la volatilité d’une paire de tokens qu’il a placée dans une pool de liquidité.
“Cela s’apparente au jeu de la roulette car on a une espérance de gain négative en moyenne, c’est-à-dire qu’on peut gagner beaucoup d’argent mais il y a plus de probabilité d’en perdre”, insiste Cyrille Pastour. “Cela ne constitue pas un produit d’investissement sérieux pour un apporteur de liquidité”, poursuit-il.
Selon l’équipe, les stratégies d’investissement de Swaap sont profitables et leur rendement correspond à leur niveau de risque.
En 9 mois, le service a attiré plus de 2000 de “pourvoyeurs” de liquidité et une valeur immobilisée de 2 millions de dollars. Avec sa nouvelle version qui arrivera prochainement, ainsi que ses nouveaux financements, Swaap espère supporter plus de tokens et offrir des stratégies plus agressives.