The Big Whale : Presque un an après avoir obtenu votre PSAN, vous vous lancez officiellement en France aujourd’hui. Avez-vous attendu que les cours remontent ou est-ce juste un coup de chance ?
Gillian Lynch : C’est une bonne question (rires, ndlr), mais la réalité est beaucoup plus triviale ! Nous avions prévu depuis des mois de nous lancer en France à cette période et, effectivement, le contexte est particulièrement favorable, mais cela n’était pas prévisible. Cela dit, nous n’allons pas nous plaindre de ce timing parfait.
Dès aujourd’hui, les Français peuvent accéder à une gamme complète de produits, incluant nos services d’investissement et de conservation, notre plateforme de trading avancée pour les traders expérimentés. Les entreprises peuvent également bénéficier de tous nos services : investissement, conservation, trading gré à gré et desk de trading en marque blanche.
Vous parlez de “timing parfait” parce que les cours sont au plus haut ?
Le fait que les cours soient en hausse est évidemment une bonne chose, mais je pense surtout que nous arrivons en France au meilleur moment possible parce que les Français souhaitent investir et que nous proposons une plateforme à la fois très réglementée et sécurisée.
Entre les acteurs nationaux comme Paymium et les acteurs internationaux comme Binance et Coinbase , il y a déjà beaucoup de plateformes d’échange en France. Comment allez-vous vous différencier ?
Lorsque Cameron et Tyler Winklevoss ont créé Gemini il y a 10 ans (en 2014, ndlr), ils étaient convaincus de deux choses :
La première, c'est que les cryptomonnaies joueraient un rôle important dans l’écosystème financier, et c’est ce que nous constatons aujourd’hui. Bitcoin et d’autres actifs numériques sont devenus incontournables.
La seconde, c'est que les cryptomonnaies seraient réglementées. Nous avons consacré les 10 dernières années à investir pour garantir la protection des fonds des clients ainsi que la sécurité et la conformité réglementaire de Gemini.
Cette approche résonne bien avec ce que les consommateurs français recherchent, selon nos études. Les Français, et plus largement les Européens, s’intéressent de plus en plus aux cryptomonnaies, mais mettent la réglementation et la sécurité au premier plan.
Avec l’entrée en vigueur de réglementations comme MiCA en Europe , Gemini est bien positionnée pour prospérer dans un environnement où seuls les fournisseurs conformes seront autorisés à opérer.
Quelles sont vos ambitions en France et plus largement en Europe ?
L’Europe est un marché stratégique pour nous depuis plusieurs années. Nous avons d’abord ouvert au Royaume-Uni, puis lancé nos services dans différents pays. Aujourd’hui, nous sommes présents sur 20 marchés européens.
Notre bureau européen est à Dublin, en Irlande, où nous avons obtenu une licence d’établissement de monnaie électronique, passeportée à travers l’Europe, notamment en France, qui est un marché clé pour nous.
En quelques années, Paris est devenu un véritable hub pour la crypto. Les gouvernements successifs ont mis en place un cadre réglementaire clair, ce qui rend ce marché évident pour nous.
Gemini est un acteur américain. À quoi les Français et les Européens ont-ils accès ?
À la même chose que nos clients américains. Nous sommes convaincus d’offrir les meilleurs services, et nous souhaitons qu’ils soient accessibles partout dans le monde. Nous adaptons simplement les langues, personnalisons le parcours client et tenons compte des exigences d’identification propres à chaque pays.
Cela nous permet de maintenir un produit de base cohérent tout en répondant aux besoins spécifiques de chaque marché.
Concernant les fonds et leur conservation, travaillez-vous avec des partenaires ou avez-vous vos propres solutions ?
Nous sommes notre propre dépositaire. Tout est développé en interne, y compris nos solutions technologiques. Cela inclut nos opérations en Europe.
Pouvez-vous nous en dire plus sur vos licences ?
Nous disposons d’une licence EMI (Établissement de Monnaie Électronique), qui nous permet d’être autonomes dans l’intégration des clients. Nous avons notre propre portefeuille Gemini, ce qui réduit notre dépendance aux tiers. Le seul domaine où nous collaborons avec des partenaires est pour les services bancaires correspondants.
Quels sont vos projets pour les mois à venir ?
Nous nous concentrons sur le développement commercial. Nous avons récemment lancé une campagne marketing qui a fait beaucoup de bruit à New York et à Londres, mettant en avant notre vision pour l’avenir. Elle souligne que nous avons maintenant tous les éléments nécessaires en place : réglementation, technologie et innovation. Nous considérons être au début d’un voyage de 100 ans.
Cette campagne sera-t-elle diffusée dans d’autres pays européens ?
Nous prévoyons d’abord de déployer nos services en France, de nous assurer que tout fonctionne parfaitement, puis, en 2025, d’investir dans le marketing à travers l’Europe. Nous nous appuyons sur la campagne “martienne” lancée aux États-Unis avec des messages comme “Allez là où vos dollars ne vont pas” .
C’est un slogan intéressant, surtout compte tenu des conditions actuelles du marché…
Le timing est effectivement idéal. Nous n’avions pas lancé de campagne publicitaire depuis sept ou huit ans, donc il s’agit d’un rafraîchissement et d’une réintroduction de la marque.
Quel est votre principal objectif pour Gemini en France et en Europe ?
Nous voulons devenir l’un des trois principaux acteurs en Europe. Avec la croissance et l’adoption des cryptomonnaies en France, où plus de 10 % de la population en possède déjà, nous voyons un potentiel immense.
L’importance accordée par les investisseurs français à la confiance et à la sécurité s’aligne parfaitement avec nos valeurs. Nous pensons qu’atteindre une position de leader sur le marché français est réalisable d’ici 12 à 18 mois, notamment avec l’arrivée des réglementations MiCA.
Gemini est l’un des acteurs historiques à New York. Vous avez très tôt travaillé avec les acteurs institutionnels comme les banques et les fonds d’investissement. Est-ce aussi votre objectif en Europe ?
Plus que jamais ! Nous voulons être ce partenaire de confiance qui met en avant la réglementation et la sécurité. Avec la consolidation du marché grâce à MiCA, Gemini voit une opportunité considérable, notamment en tant que dépositaire pour les banques.
Alors que les investisseurs particuliers préfèrent des solutions tout-en-un, les clients institutionnels pourraient souhaiter séparer les services d’échange et de conservation. Nous jouons déjà un rôle clé aux États-Unis dans le domaine des ETF en tant que dépositaire, et nous anticipons une croissance similaire en Europe pour les ETP, à mesure que les réglementations évolueront.