The Big Whale : quand on pense à l’hôtel Molitor et à sa célèbre piscine, on pense à beaucoup de choses, mais pas aux nouvelles technologies et aux NFTs. Pourquoi avoir plongé dans cet univers ?
Grégory Millon : c’est vrai que cela peut surprendre, mais en réalité c’est assez cohérent avec l’histoire de ce lieu. La piscine Molitor a été créée en 1929, et depuis presque un siècle, elle a toujours été à l’avant-garde culturelle et artistique 💫.
En 2018, le bassin d’hiver, qui pendant près de 30 ans a été laissé à l’abandon, a été ouvert à 78 artistes qui ont graffé 78 cabines. Dès le départ, nous savions que ces oeuvres ne resteraient pas éternellement parce que l’idée était de faire venir d’autres artistes dans ce lieu, qui a été depuis totalement réhabilité.
C’est dur d’enlever l’oeuvre d’un artiste, donc nous avons réfléchi à des solutions pour les conserver autrement, et c’est là que la blockchain et les NFTs sont arrivés. Une fois que vous avez le NFT d’une oeuvre, vous possédez un exemplaire pour toujours. Physiquement, les oeuvres vont disparaître, mais elles vont être conservées via ce nouveau support numérique.
Quand le projet a-t-il démarré ?
Ce projet est né en septembre 2022, il y a un an pile. Nous avons rencontré Artcare qui nous a proposé de transformer les oeuvres en NFTs. Après, il a fallu mettre tout ça en musique parce qu’entre Molitor, le groupe Accor (propriétaire de Molitor) et les artistes, il fallait mettre tout le monde d’accord, et cela prend du temps.
Au final trois artistes, DOES, Marco et Nasty ont décidé de tenter l’expérience.
Qu’est-ce qui leur a plu ?
L’expérience et la vision du projet.
Un des quatre artistes, Astro, qui avait accepté le projet s’est finalement retiré. Pourquoi ?
Il ne voulait finalement plus participer. C’est son oeuvre, c’est lui qui décide, et nous le respectons.
Comment avez-vous géré la création de la collection de NFTs ?
Nous avons travaillé avec le Lab innovation d’Accor et avec la société Artcare , qui gère la partie technique du projet. C’est eux qui nous ont aidé à faire les choix technologiques de la blockchain et à créer les NFTs avec les artistes.
Quelle technologie utilisez-vous ?
Les NFTs sont disponibles sur Ethereum. Nous avons fait le choix d’Ethereum parce que c’est une blockchain robuste (c’est la 2ème plus importante de la planète) et qu’elle a une faible consommation énergétique .
Quel est le budget d’un tel projet ?
Nous ne voulons pas donner de chiffre, mais le but est d’être à l’équilibre. Nous ne sommes pas dans une démarche où nous voulons faire de l’argent. Là nous sommes au stade de l’innovation, donc il faut tester. La question de la profitabilité viendra après.
Qui visez-vous avec ces NFTs ? Vos clients ? Des collectionneurs de NFTs ?
Nous visons évidemment les clients du Molitor, mais plus globalement nous nous adressons à tous les clients du groupe Accor, parce que certains sont des amoureux de l’art, et ils seront intéressés. Nous visons aussi, bien sûr, des collectionneurs de NFTs, qui ne sont pas forcément clients de Molitor ou d’Accor, mais vont peut-être vouloir le devenir.
Ne pensez-vous pas que vous allez attirer essentiellement des collectionneurs de NFTs ?
Il y a effectivement beaucoup plus de chances que ce soit des gens déjà initiés, mais en même temps tous les acheteurs des NFTs devront s’être enregistrés dans le programme Accor, donc ils auront en quelque sorte rejoint la famille Accor.
Ces NFTs sont des oeuvres d’art, mais il y a également des avantages qui vont avec. Quels sont-ils ?
Il y a au total 390 NFTs, soit 130 NFTs par artiste. Chaque détenteur d’un NFT pourra accéder à la “Legacy Party” que nous organiserons le 25 novembre dans la piscine intérieure. Nous avons également prévu un tirage au sort pour 30 des collectionneurs qui pourront assister à un dîner exceptionnel dans la piscine intérieure.
La piscine sera évidemment vide ! Nous ferons ce dîner lors de la vidange annuelle de la piscine en 2024. Enfin, trois des collectionneurs, également tirés au sort, pourront rencontrer les artistes. Ces rencontres auront également lieu en 2024.
Seuls les détenteurs du NFT pourront bénéficier de ces avantages ?
Oui, les propriétaires ne pourront pas transmettre leur NFT à un ami ou à un membre de leur famille. Nous voulons que ce soit le vrai propriétaire qui profite de cette expérience.
La collection sort fin 2023. Les marchés ont fortement baissé depuis un peu plus d’un an. Est-ce que vous n’avez pas l’impression de vous lancer après la vague ?
C’est une question que l’on va beaucoup nous poser, mais je ne crois pas du tout que nous arrivons trop tard. Comme pour chaque technologie, il y a des phases de spéculation, parfois très intenses, et des phases d’innovation et d’adoption. Nous sommes dans cette seconde phase où la spéculation compte moins, et tant mieux.
Il s’est passé exactement la même chose avec Internet il y a plus de vingt ans. A la fin des années 1990, il y a eu beaucoup de spéculation, puis l’explosion de la bulle internet. Tout n’a pas pour autant disparu, et aujourd’hui tout le monde utilise Internet, que ce soit les particuliers ou les entreprises.
Je pense qu’il va se passer la même chose avec les cryptos et les NFTs. Aujourd’hui, nous avons le choix entre regarder ce qu’il se passe ou alors expérimenter. Je sais de quel côté je me situe. Ma conviction c’est que la vague des cryptos ne va pas forcément repartir dans les semaines ou les mois qui viennent, mais nous serons prêts au moment du redémarrage.
Sauf si un autre artiste se retire d’ici-là, il y aura donc 390 NFTs à la vente (130 NFTs par artiste) pour un prix unitaire de 590 euros (0,40 ether). Pensez-vous tous les vendre ?
Actuellement, les gens intéressés par les NFTs peuvent se whitelister (se pré-inscrire) jusqu’au 28 septembre. Le 29 septembre, il y aura la vente privée pour ceux qui se sont pré-inscrits et à partir du 30 septembre, il y aura la vente publique qui va durer un mois.
Je ne vais pas vous mentir en disant que nous n’aimerions pas vendre tous les NFTs. Evidemment que c’est notre objectif, et nous allons tout faire pour que cela marche.
Les NFTs coûtent 590 euros. N’est-ce pas trop cher ?
Je ne pense pas. Entre la valeur artistique des NFTs et les avantages qui y sont liés avec la soirée et les tirages au sort, je pense que nous sommes au bon prix.
Est-ce que vous pourriez rajouter de nouveaux avantages avec les NFTs, comme par exemple l’accès à la piscine, à l’hôtel ou au club de sport ?
Cela fait partie des réflexions que nous avons. Cela aurait effectivement du sens de rajouter des avantages. Nous verrons à moyen terme, surtout s’il y a de nouvelles collections.