The Big Whale : Vous êtes dans l’écosystème web3 depuis quelques années. Comment l’idée de faire une collection de NFTs basée sur les Schtroumpfs est-elle née ?
Julien Romanetto : C’est un concours de circonstance. Je vis à Bruxelles, et j’ai eu l’occasion de rencontrer les ayants droit des… Schtroumpfs, ou “Smurfs” en anglais. Comme tout le monde, je connaissais bien l’histoire de ces petits personnages bleus, mais sans plus.
C’est en discutant avec les ayants droit que je me suis dit que la notoriété des Schtroumpfs liée à la dimension très communautaire des NFTs pouvait donner quelque chose d’assez génial. C’est comme ça que le projet est né.
Comment avez-vous convaincu les ayants droit de vous céder la licence ?
Les ayants droit étaient déjà en discussion avec un projet de NFTs chinois, mais j’ai réussi à les convaincre de travailler avec nous, et de nous céder les droits sur les actifs numériques.
Je connais bien le secteur, j’ai suivi le développement des premières grandes collections comme les Bored Ape et les CryptoPunks, donc j’ai des idées et une vision assez claire de ce qu’il est possible de faire avec une marque aussi puissante.
Après des mois de développement et de teasing, la collection NFTs qui exploite la licence des Schtroumpfs est désormais disponible à la vente. Son patron, Julien Romanetto, nous détaille le but du projet et sa stratégie.
The Big Whale : Vous êtes dans l’écosystème web3 depuis quelques années. Comment l’idée de faire une collection de NFTs basée sur les Schtroumpfs est-elle née ?
Julien Romanetto : C’est un concours de circonstance. Je vis à Bruxelles, et j’ai eu l’occasion de rencontrer les ayants droit des… Schtroumpfs, ou “Smurfs” en anglais. Comme tout le monde, je connaissais bien l’histoire de ces petits personnages bleus, mais sans plus.
C’est en discutant avec les ayants droit que je me suis dit que la notoriété des Schtroumpfs liée à la dimension très communautaire des NFTs pouvait donner quelque chose d’assez génial. C’est comme ça que le projet est né.
Comment avez-vous convaincu les ayants droit de vous céder la licence ?
Les ayants droit étaient déjà en discussion avec un projet de NFTs chinois, mais j’ai réussi à les convaincre de travailler avec nous, et de nous céder les droits sur les actifs numériques.
Je connais bien le secteur, j’ai suivi le développement des premières grandes collections comme les Bored Ape et les CryptoPunks, donc j’ai des idées et une vision assez claire de ce qu’il est possible de faire avec une marque aussi puissante.
Quel accord avez-vous négocié ?
Nous avons un contrat reconductible tous les trois ans. C’est un contrat de licence classique où les ayants droit touchent des royalties sur chaque vente de NFTs. Tant que les royalties atteignent un niveau minimum, le contrat est reconduit. Si ce n’est pas le cas, les ayant droits peuvent décider d’y mettre fin.
Ne craignent-ils pas que vous dénaturiez la licence et l’image des Schtroumpfs ?
Nous ne pouvons évidemment pas faire ce que nous voulons avec les Schtroumpfs, même s’ils nous ont laissé beaucoup de liberté.
Honnêtement, nous avons été impressionnés par leur ouverture et leur vision des choses. Ils ont compris que, pour durer, les marques doivent s’adapter et changer leur approche. C’est d’ailleurs pour cette raison que nous avons travaillé avec des artistes très innovants.
Les Schtroumpfs remontent aux années 1950. Comment avez-vous réussi à vous adapter et respecter les codes de l’univers Web3 ?
C’était l’un des défis de notre projet : prendre une marque déjà bien installée et éloignée nativement du Web3 et la rendre attractive auprès de la communauté NFT.
Vous avez commencé hier à vendre la collection. Qu’est-ce qui vous fait dire que le projet va marcher ?
Dans le Web3 et plus spécifiquement dans les NFTs, la communauté est la clé. La marque des Schtroumpfs est parfaite pour ça, et ce, pour plusieurs raisons : d’abord parce que tout le monde la connaît, ensuite parce qu’elle véhicule des valeurs positives, comme la protection de l’environnement. Et enfin il est très facile de s’identifier à un Schtroumpf, car ils ont tous une caractéristique particulière qui peut nous ressembler, ce qui est un énorme avantage par rapport à beaucoup de collections.
Le nerf de la guerre pour les collections, c’est de proposer des expériences exclusives. Qu’avez-vous prévu ?
C’est effectivement le point essentiel. Dès que les Schtroumpfs auront tous été achetés, nous allons commencer avec une grande chasse au trésor conçue, croyez-moi, par un maître en la matière. Une bonne partie du jeu aura lieu à partir du mois de juillet dans le métavers The Sandbox.
A priori, ce devrait être la chasse au trésor la mieux dotée de l’histoire de la crypto. Je ne peux pas encore vous donner le montant, mais on devrait être proche du million de dollars. Pour y accéder, il faudra évidemment détenir un NFT de la collection.
Nous allons aussi bientôt annoncer des collaborations avec des marques et des personnalités. Les détenteurs d’un Schtroumpf joueur d’échecs pourraient avoir le droit d’affronter le champion du monde d’échecs. Le Schtroumpf gamer pourrait se frotter aux membres de Cloud9, l’une des plus grosses équipes de e-sport dans le monde. Pour chaque Schtroumpf, nous allons proposer des expériences uniques. Je suis d’ailleurs en train de négocier pour que les détenteurs du Schtroumpf basketteur puissent rencontrer le joueur de NBA Carmelo Anthony.
Combien de NFTs de Schtroumpfs avez-vous créés ?
Nous avons créé 200 Schtroumpfs qui ont tous été conçus “à la main”, et déclinés selon 50 caractéristiques. Certains sont bleus, d’autres rouges ou en or. L’arrière-plan change aussi. En tout, il y aura 12.500 NFTs dont certains seront créés au fil de l’eau via des collaborations avec des artistes et notre propre communauté.
Comme ils sont destinés aux adultes et aux fans de NFTs, nous avons fait en sorte que les personnages soient très “cools” et raccords avec leur époque. Il y un Schtroumpf e-sport, un fan de cryptos, un Schtroumpf Rambo, etc. Il y a beaucoup de références au Web3 et aux années 1980.
Qui a designé ces Schtroumpfs ?
C’est notre studio. Au total, huit personnes ont géré la conception 3D des différents Schtroumpfs. Le directeur artistique de Daft Punk, Cédric Hervet, fait également partie de l’aventure. Il a donné une vraie identité à la collection. Au total, nous sommes une vingtaine de personnes sur le projet depuis 9 mois.
Votre équipe n’est-elle pas surdimensionnée ? N’est-ce pas beaucoup pour un lancement de collection ?
Nous ne développons pas de simples “PFP” (des NFTs spécialement conçus pour être utilisés en tant qu'images de profil sur les réseaux sociaux, ndlr). Notre objectif est de créer des œuvres d’art, ce qui explique notamment notre recours à la 3D.
Nous sommes aussi allés chercher plusieurs artistes, comme le graffeur André Saraiva, ou Richard Orlinski qui est sans doute l’un des artistes contemporains français les plus cotés en ce moment.
Une partie des Schtroumpfs de la collection ont été faits par ces artistes. Ces NFTs reliés à des artistes - qui seront mis en vente plus tard - permettront de les rencontrer, d’accéder à leur showroom, à des ventes en avant-première ou à des réductions.
Comment avez-vous financé le projet ? La première phase de la vente vient tout juste de démarrer…
Le projet a coûté 2 millions d’euros. Il a été financé aux deux tiers par moi-même et Frédéric Montagnon (*). Quelques proches nous ont aidé sur le reste. C’est un gros budget que nous avons financé collectivement grâce à quelques “exits” (sorties du capital de sociétés, ndlr) intéressantes que nous avons réalisées ces dernières années…
Comment avez-vous fixé le prix des NFTs pour le lancement ? Ce n’est jamais simple de fixer la valeur d’une collection…
En effet ! Si vous mettez un prix trop élevé, vous prenez le risque de ne pas vendre les NFTs, et si vous mettez le prix trop bas, vous bradez la valeur de votre collection… Pour déterminer le prix, nous nous sommes inspirés de ce qui a été fait par la collection Doodles avec le système de “bucket auction”.
Nous avons d’abord mis en vente 3000 Schtroumpfs. Jusqu’à demain (20 avril, ndlr) les 3000 personnes personnes qui feront les meilleures offres seront sûres de remporter les NFTs mis en vente. Le prix de base des NFTs sera celui payé par la 3000ème personne.
Pour quand même récompenser ceux qui ont misé plus, il y aura un système de bonus avec potentiellement plusieurs NFTs. Les autres seront remboursés. J’aime bien cette méthode parce qu’elle permet à tout le monde d’y trouver son compte.
Et pour les autres NFTs ?
500 ont été réservés à l’équipe et entre 500 et 1500 ont été pré-vendus (ce nombre dépendra du prix de la bucket auction). 5000 seront quant à eux réservés à ceux qui ont joué au jeu que nous avons organisé sur la blockchain Polygon et qui s’est récemment terminé. Là aussi, nous avons organisé une chasse au trésor. Chacun devait récupérer des ingrédients dans le jeu et les mélanger, ce qui vous pouvait vous permettre d’obtenir un cristal.
Ces cristaux offrent un accès garanti à la vente des Schtroumpfs. En fonction de la rareté du cristal gagné, vous obtenez un rabais de 15% à 80% sur le prix du NFT qui aura été fixé lors de la “bucket auction”. En quelques mois, nous avons réuni 80.000 joueurs qui ont effectué 3 millions de transactions !
Enfin, on se garde entre 2500 et 3500 NFTs pour des futures collaborations. Mais à la fin, il ne pourra y en avoir que 12.500.
Quelles sont les grandes collections qui vous inspirent ?
J’admire ce que les Bored Ape ont fait. Leur marketing est béton, le storytelling très réussi. Ils ont certes énormément de moyens, ce qui facilite les choses, mais ils exécutent particulièrement bien. Leur gros défi est leur arrivée dans le métavers avec “The Otherside”. Nous suivrons ça avec intérêt.
D’autres acteurs ?
J’aime aussi beaucoup RTFKT, ils ont fait beaucoup de choses, peut-être même trop. Entre le deal avec Rimowa, les métavers, Nike, on est un peu perdu. A l’inverse, il y a des projets comme les collections Azuki ou MoonBirds qui ne font pas grand chose.
Ils ont gagné beaucoup de cash, mais ne font pas assez vivre leur communauté. Il faut récompenser les gens, leur proposer des expériences…
(*) Actionnaire minoritaire à titre individuel de The Big Whale.