LayerZero (ZRO) : analyse de la messagerie cross-chain

Ce qu'il faut savoir 🐳

À l’heure actuelle, LayerZero est l’un des protocoles d'interopérabilité les plus importants de la finance décentralisée (DeFi).

Grâce à sa technologie permettant aux réseaux de disposer d’une liquidité unifiée, un grand nombre de protocoles s'appuie désormais sur LayerZero.

Présentation générale 🧬

LayerZero est un protocole de messagerie cross-chain permettant le déploiement d’applications interopérables. Sa technologie donne la possibilité aux contrats sur différentes chaînes de communiquer entre eux.

À l’heure où le nombre de réseaux blockchain augmente (on recense plus de 150 chaînes détenant plus d’un million de dollars de valeur immobilisée, TVL, selon DeFi Llama), une telle technologie permet de lutter contre la fragmentation de la liquidité.

Le projet a été lancé en septembre 2021. À l’époque, il existait deux grandes manières de faire passer des messages entre les chaînes : via une chaîne intermédiaire (comme Polygon avec Ethereum) ou via des light nodes on-chain (comme avec l’IBC de Cosmos).

Ces solutions ont leurs avantages mais présentent malheureusement des problèmes de coûts et de sécurité importants.

LayerZero a donc créé une architecture unique permettant la transmission de messages de façon sécurisée et peu coûteuse.

Elle repose sur 3 grandes composantes : les points de terminaison (endpoints), les DVNs et l'exécuteur.

• Les endpoints sont propres à chaque blockchain et récoltent les informations que les applications leur envoient (via des en-têtes de blocs). Ce sont des contrats immuables.
• Les DVNs sont des réseaux de vérification indépendants (permissionless). Ils vérifient que le message de l’application de la blockchain A a bien été envoyé à son endpoint. Il existe actuellement 15 réseaux de DVN et chaque projet peut choisir d’en utiliser plusieurs pour renforcer sa sécurité.
• L'exécuteur garantit la bonne transmission des messages de la blockchain A vers la blockchain B. Il permet d’envoyer directement le message à l’utilisateur sans lui faire payer de gas. Comme pour les DVNs, le rôle de l'exécuteur est permissionless.

Cette architecture présente des bénéfices de sécurité importants, puisqu’elle repose sur la sécurité des DVNs.

N'importe quelle application installant les différents endpoints (propres à chaque réseau) dans son code peut donc faire passer des messages entre les chaînes facilement. En mettant en place ce système, elle devient une application "Omnichain".

Pour le transfert de cryptos, LayerZero a créé une norme de jeton appelée Omnichain Fungible Token (OFT). Les jetons qui l'utilisent peuvent simplement utiliser la technologie LayerZero pour passer d'une chaîne à une autre facilement.

Cette norme est une extension de la norme ERC20. Elle est assez facile à mettre en place et est utilisée par les plus gros projets DeFi d'aujourd'hui (notamment les LRT).

Contrairement à certains ponts qui utilisent un système d'encapsulation (bloquer un jeton sur la chaîne A et créer une version enveloppée sur la chaîne B), la norme OFT permet de transférer des jetons sur plusieurs blockchains via un système de “Burn & Mint”.

C’est ce que le bridge Stargate (qui est développé au-dessus de LayerZero) a mis en place : chaque LP dispose d’une pool globale par réseau et le système de Burn/Mint permet de récupérer le même actif sur la chaîne de destination que sur la chaîne de départ.

Au lieu de souffrir de la concurrence des bridges qui fragmentent la liquidité du marché, LayerZero bénéficie donc d’une liquidité unifiée.

Financement 💰

LayerZero a réussi à lever 263 millions de dollars (valorisée à 3 milliards de dollars) via plusieurs tours de financement.

• Le 1er avril 2021 : montant inconnu via une seed
• Le 16 septembre 2021 : 6,3 millions de dollars via une série A
• Le 30 mars 2022 : 135 millions de dollars via une série A étendue
• Le 4 avril 2023 : 120 millions de dollars via une série B

Les investisseurs principaux sont Andreessen Horowitz (a16z), Binance Labs, Multicoin Capital et Sequoia Capital.

On peut cependant retrouver d’autres noms très connus parmi les investisseurs : Coinbase Ventures, The Spartan Group ou encore Circle pour ne citer qu’eux.

Équipe 👾

La grande majorité de l’équipe de LayerZero est basée à Vancouver (Canada).

Celle-ci a été cofondée par :

• Bryan Pellegrino (CEO)
• Ryan Zarick (CTO)
• Caleb Banister (Cofondateur)

Tous ont principalement des profils scientifiques. On peut retrouver certains de leurs travaux sur l'interopérabilité sur leurs réseaux respectifs, notamment Medium.

Ils ont également fondé Coder Den, une entreprise de développement de logiciels.

La communauté de LayerZero compte plus de 700 000 followers sur X.

LayerZero bénéficie d’une large exposition, en raison notamment de la spéculation importante qu’il y a eu sur son airdrop.

État de la décentralisation ⛓️

Alors que la version 1 de LayerZero reposait sur des composantes fermées, ce n’est pas du tout le cas de la version actuelle. Le protocole intègre maintenant un modèle de sécurité sans permission, permettant à quiconque de construire et d'exécuter l'infrastructure.

Sur la version 1, les messages étaient traités principalement par l’oracle (Chainlink/Band, etc.) et le Relayer.

Bien qu’il soit difficile de corrompre l’oracle, quiconque y parvenait aurait eu un contrôle sur les messages (nécessitant que le Relayer soit en connivence avec lui).

Sur la version actuelle, les messages sont sécurisés par des réseaux de validateurs indépendants (DVN). Comme dit plus haut, il en existe 15 actuellement et tout le monde peut en devenir un.

Les projets qui s’appuient sur la technologie de LayerZero peuvent donc sélectionner le set de validateurs qu’ils souhaitent utiliser en fonction de leurs besoins.

Cette nouvelle architecture renforce considérablement la résilience du protocole puisque si un validateur devait être corrompu, il n'affecterait que les plateformes qui l’utilisent.

Quant aux Endpoints, ce sont des contrats totalement immuables : personne ne dispose du pouvoir de les mettre à niveau. Ils offrent une interface sûre avec laquelle interagir.

Le token ZRO 🌕

Le 20 juin dernier, LayerZero a présenté son jeton à la communauté : 8,5% de l’offre totale du ZRO a été distribuée via un airdrop.

Celui-ci a été divisé en deux catégories :

• 5,5% via une allocation “LayerZero Core” (distribuée par le protocole)
• 3% via une allocation “RPF”

L’allocation RPF a été distribuée aux utilisateurs par l’intermédiaire des protocoles déployés sur LayerZero (comme EtherFi par exemple).

N’importe quelle application qui disposait du standard Omnichain pouvait faire une demande pour récupérer des jetons (les allocations ont été distribuées selon certains critères).

Les ZRO obtenus par les protocoles DeFi ont ensuite été redistribués aux utilisateurs selon des conditions propres à chaque application.

Pour ce qui est de l’utilité du jeton, celui-ci donne accès à un pouvoir de gouvernance (plus de détails dans la section “Roadmap”).

Enfin, concernant les tokenomics, l’offre totale de ZRO est fixée à 1 milliard de jetons.

• 38,3% est destinée à la communauté (via des airdrops et autres distributions)
• 32,2% aux partenaires stratégiques (les investisseurs et advisors)
• 25% aux contributeurs (l’équipe)
• 4% est rachetée par LayerZero et sera redistribuée à la communauté

Les jetons réservés aux investisseurs et à l’équipe sont soumis à un vesting de trois ans avec un blocage d’un an et un déblocage mensuel au cours des deux années suivantes.

Roadmap 🗺️

LayerZero ne dispose pas de roadmap officielle, mais le projet travaille activement sur de nouvelles intégrations avec les protocoles DeFi pour étendre son empreinte à travers l’écosystème.

Pour ce qui est de son jeton, les détenteurs de ZRO pourront prochainement voter tous les 6 mois sur l’activation de frais sur le protocole.

Ces frais, exprimés en ZRO, pourront être facturés en complément des frais sur les DVN et brûlés à la manière de l’EIP-1559.

Concurrence ⚔️

Bien que LayerZero dispose d’une technologie innovante, son principal concurrent Chainlink possède également une solution d'interopérabilité avancée.

En effet, Chainlink, dont le principal produit repose sur la gestion d’oracles, a sorti une solution de messagerie cross-chain nommée “CCIP”. Cette technologie permet également de transférer des messages entre les chaînes de façon simple.

Ce qui est intéressant, c’est que le déploiement de CCIP ne nécessite pas d’hypothèse de confiance supplémentaire pour une DApp qui intègre déjà un oracle de prix Chainlink.

Il existe donc un risque que Chainlink vampirise le marché étant donné que ses oracles sont déjà déployés partout.

D’autres solutions cross-chain sont également importantes, comme celle de Wormhole par exemple, mais celle-ci est moins présente dans l’écosystème EVM.

Enfin, bien qu’elles ne soient pas encore sur le marché, Optimism et ZKsync travaillent sur des solutions d'interopérabilité pour leurs écosystèmes respectifs.

En fonction de la technologie adoptée, cela pourrait faire perdre des parts de marché à LayerZero.

Il faut également noter que son activité a fortement chuté depuis la distribution de son airdrop.

Limites du projet 🚧

En complément des concurrents sérieux auxquels LayerZero fait face, le protocole rencontre également certaines limites dans son fonctionnement.

Pour qu’un jeton adopte la norme OFT, il doit être recréé à partir de la technologie de LayerZero. Cela pose des problèmes si un jeton est déjà installé sur une chaîne.

Si le token ne présente pas ou peu de liquidités, le nouveau jeton avec la norme OFT peut prendre le dessus en mettant en place des incitations à la liquidité.

C’est le cas, par exemple, pour le weETH sur Optimism, où le jeton provenant de LayerZero dispose de plus de liquidités que le jeton du bridge officiel (qui est inutilisable).

Mais dans le cas où un jeton serait déjà bien établi, la norme OFT serait pratiquement impossible à adopter.

C’est le cas pour le weETH sur Arbitrum : à l’heure actuelle, plus de 107 000 weETH (383 millions de dollars) sont installés sur la chaîne, répartis entre différents protocoles.

À moins de mettre en place d'énormes incitations à la liquidité vers la nouvelle pool du jeton OFT, il est pratiquement impossible de recréer un jeton qui sera adopté par les utilisateurs.

C’est d’ailleurs pour cela que le weETH version OFT n’est pas disponible sur Arbitrum alors qu’il l’est sur OP Mainnet et Base (EtherFi s’est déployé récemment sur ces chaînes).

Si LayerZero ne trouve pas un moyen de résoudre ce problème structurel, les intégrations omnichain sur les anciens projets resteront très compliquées.

Réglementation ⚖️

Comme de nombreux projets, LayerZero s’expose aux États-Unis à des poursuites pour émission de titres financiers non enregistrés. En revanche, il est protégé en Europe où cette activité est autorisée.

L'analyse marché de Chadi El Adnani, Head of Content & Research de SUN ZU Lab 📈

Depuis son listing sur les principales bourses crypto le 20 juin dernier, le ZRO a baissé de 30% avant de rebondir au prix actuel de 3,8 dollars. Le token montre des niveaux de liquidité élevés sur ces 10 premiers jours de trading, avec des volumes quotidiens souvent supérieurs à 75 millions de dollars, et une profondeur de marché moyenne à 50 bps, supérieure à 1 million de dollars sur Binance.

LayerZero représente une capitalisation boursière en circulation de 421 millions de dollars, le positionnant au 140ème rang des cryptos les plus capitalisées, avec une valorisation diluée (FDV) de 3,8 milliards de dollars. C’est dans les mêmes eaux que son concurrent Wormhole.

Où peut-on acheter le token ZRO ? 🛒

ZRO est disponible sur les plateformes d’échange Binance, Gate et Bitget pour les plus importantes (Gate et Bitget ne sont pas régulées en France).

Il est également possible de l'acquérir via Uniswap sur une multitude de réseaux (Ethereum, Arbitrum, Optimism, BSC, Base, Polygon, etc.).

L'avis de The Big Whale 🐳

LayerZero s’impose comme un acteur clé dans le domaine de l'interopérabilité. Le standard OFT est utilisé par de nombreux jetons de la DeFi et continue de croître.

Il est cependant important de suivre les innovations technologiques de ce côté-là, car la concurrence reste extrêmement rude.

Concernant son jeton, le ZRO donne aujourd'hui peu de pouvoirs aux holders, mais on pourrait spéculer sur d’autres fonctionnalités comme le partage des frais aux holders, par exemple.

Il sera capital de suivre attentivement les métriques d’adoption de ce protocole dans les prochaines semaines.

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