The Big Whale : Quand on pense à Médecins Sans Frontières (MSF), on pense à plein de choses, mais pas aux cryptos. Pouvez-vous nous en dire plus sur le système que vous venez de lancer ?
Mario Stephan : Bien sûr ! Ce projet de staking a un double objectif : collecter des fonds et attirer de nouveaux donateurs qui ne ressemblent pas forcément pas à nos donateurs historiques, c'est-à-dire plus jeunes et plus tournés vers la tech.
Comment ce système va-t-il fonctionner ?
Le but est que les donateurs stakent leurs cryptos (le fait d'immobiliser des cryptos sur une blockchain, ndlr) et nous reversent une partie de leurs récompenses.
Le système est très simple : vous connectez votre wallet sur notre site, vous choisissez combien vous voulez staker et vous recevez des tokens “MSFeth” en retour. Plus vous gardez ces tokens, plus ils génèrent des intérêts pour MSF.
En quoi cette méthode de dons diffère-t-elle des méthodes traditionnelles ?
La grande différence est que nous demandons aux donateurs de staker leurs fonds , ce qui leur permet de conserver leur capital tout en générant des intérêts pour MSF. C'est une approche nouvelle, qui permet des dons plus flexibles et accessibles. Le staking est un modèle de financement alternatif très intéressant pour toutes les parties.
Qu'est-ce qui vous a motivé à vous lancer dans ce projet ?
Nous avons réalisé qu'il y a toute une population que nous ne touchons absolument pas. Nous voulons comprendre cette communauté crypto et voir comment nous pouvons les intéresser à nos problématiques et via des mécanismes qui leur parlent.
Comment ce projet s'aligne-t-il avec les valeurs de MSF ?
Depuis 1971, MSF a toujours été très attaché à son indépendance et cet esprit s'accorde très bien avec la philosophie libertaire de la crypto. Et pour maintenir cette indépendance sur le long terme, nous devons explorer des moyens innovants de financement, et la crypto en fait partie.
Quels sont les rendements pour les stakers ?
Les rendements sont actuellement autour de 3 % par an. Plus la durée de staking est longue, plus c'est avantageux, et nous visons une durée moyenne de 3 à 6 mois.
Depuis quand cette possibilité de staker est-elle disponible ?
Le smart contract est opérationnel depuis quelques semaines seulement. Nous avons testé le système en interne avant de le rendre public.
Quelles sont vos stratégies pour y parvenir ?
Nous avons 3 axes principaux : obtenir des subventions de DAOs, comme celle de 100 000 DAI de la DAO de Maker (devenu Sky), convaincre des investisseurs cryptos, et nous espérons que des entreprises vont s'y mettre.
Sur quelle blockchain travaillez-vous ?
Pour l'instant, nous travaillons sur Ethereum, en nous concentrant sur les protocoles Proof of Stake pour des raisons environnementales. C'est un sujet essentiel pour nous.
Avez-vous déjà des participants ?
Le projet a été lancé officiellement fin septembre, donc nous en sommes encore au début de l'engagement avec la communauté.
Pouvez-vous nous parler de vos partenaires ?
Arab Bank Switzerland et Lido sont deux partenaires clés. Arab Bank Switzerland nous a soutenus dès le début, tandis que Lido a rejoint le projet en tant que premier partenaire externe. Nous espérons pouvoir collaborer rapidement avec d'autres acteurs du staking comme Kiln. Khadmos, qui a développé le smart contract, nous a également beaucoup aidés.
Quel est le principal défi pour MSF actuellement ?
Le principal défi est de trouver les bons forums et plateformes pour promouvoir ce projet et engager un dialogue avec la communauté blockchain.
Acceptez-vous des dons d'entreprises, notamment dans le secteur crypto ?
Oui, nous acceptons les dons d'entreprises, y compris du secteur crypto, tant qu'elles respectent notre processus de due diligence. Cependant, certains secteurs comme la défense et le pétrole sont évidemment exclus.
Comment voyez-vous l'avenir de la blockchain pour MSF ?
La blockchain ouvre de nouvelles perspectives pour MSF, notamment en permettant une plus grande transparence et efficacité dans les dons. C'est un outil puissant que nous allons continuer d'explorer pour atteindre nos objectifs humanitaires.
Quels sont les défis à relever avec cette nouvelle approche ?
C'est un changement dans notre façon de penser les dons, et nous devons adapter nos processus tout en nous assurant que cette approche parle aux donateurs actuels et futurs.
Quels sont vos objectifs financiers pour ce projet ?
Nous n'avons pas fixé d'objectif financier précis pour l'instant, mais nous espérons générer des revenus à hauteur de cinq à six chiffres avec ce projet.
Quels sont vos besoins financiers actuels pour vos projets sur le terrain ?
Pour notre réponse à la crise au Moyen-Orient, nous avons besoin d'environ 65 à 70 millions d'euros d'ici fin 2024. Nous avons sécurisé environ 45 millions pour l'instant, donc il faut plus et j'espère que le staking que nous avons lancé aidera en ce sens.