On a tendance à voir la sphère publique comme un univers plutôt sceptique sur les cryptos et le Web3, voire hostile. Mais c’est en partie faux, notamment du côté de Bpifrance, qui finance depuis des années une grande part de l’écosystème et vient de remporter le prix de meilleur investisseur de l’année.
Que ce soit Ledger, Sorare, Kaiko ou même la start-up Acinq (spécialisée dans le passage à l’échelle du bitcoin), toutes ces pépites ont bénéficié du soutien de la banque publique d’investissement à un moment de leur histoire. Plus récemment, DFNS (un spécialiste MPC) ou Narval (une surcouche de sécurité pour la gestion des actifs numériques) en ont également profité.
“Ce prix est la reconnaissance d’un travail de construction global et patient commencé dès 2018 au sein de Bpifrance et porté de manière décentralisée par tous les métiers et avec le top management, souvent sous le radar médiatique”, déclare Yoann Caujolle, managing director chez Bpifrance.
La banque est actuellement l’un des premiers acteurs institutionnels européens à financer les modèles économiques utilisant la blockchain. “Nous croyons fortement au pouvoir disruptif de cette technologie, l’enjeu est de positionner l’écosystème français aux avant-postes de ce nouveau cycle technologique afin d’attirer les meilleurs projets, les meilleurs talents et favoriser la création de valeur en France”, poursuit-il.
La stratégie de Bpifrance répond à trois engagements stratégiques : financer l’écosystème, le soutenir au-delà de l’aspect strictement financier, puis tester et implémenter la technologie en interne. Chacune de ces options s’adaptant en fonction des usages et des conditions de marché…
“Il est crucial d’avoir une stratégie mais il faut rester agile, le Web3 reste une fonction décentralisée et non linéaire”, explique Yvan de Lastours, blockchain lead pour Bpifrance.
La participation de l’institution peut prendre différentes formes : prêts, subventions, concours d’innovation, investissements en capital, investissements dans des fonds et même investissements en tokens depuis peu.Pour ce dernier type d’opérations, Bpifrance passe par son activité de fonds de fonds. À ce jour, elle a souscrit dans six fonds d'investissement spécialisés, tous actifs en France et capables d'investir à la fois en fonds propres et en crypto-actifs. Un septième devrait voir le jour prochainement en 2023…
Concernant les projets sélectionnés en direct par Bpifrance, les critères peuvent varier selon les stades de de financement. “Entre une première subvention et un investissement à plusieurs millions d’euros, ils ne sont pas les mêmes”, rappelle Ivan de Lastours. “Mais deux éléments reviennent systématiquement, l’expertise dans le secteur et le professionnalisme des équipes”.
La finalité, quant à elle, n’est jamais spéculative. “Notre mandat consiste exclusivement à rechercher des sociétés ou des fonds d'investissement qui travaillent sur le long terme à la construction des produits et des services de l'économie "blockchainisée" de demain. C'est un filtre important dans l'univers des possibles”, compte Yoann Caujolle.