À l'aube de la décentralisation de Linea, son directeur Nicolas Liochon (Consensys) partage les accomplissements et la feuille de route du layer 2 d'Ethereum.

Où en est Linea de son développement ?

Linea a été lancée il y a environ un an (lire notre article publié à ce occasion, ndlr). Aujourd'hui, nous enregistrons environ un milliard de dollars de TVL (Total Value Locked) dans nos applications, avec une moyenne de 55 transactions par seconde sur une journée type. Nous sommes très satisfaits des progrès réalisés !

La TVL est une métrique clé car la finance décentralisée est à la base de ce que peut offrir une blockchain. Il était crucial pour nous de nous positionner sur ce segment et de démontrer les capacités techniques de Linea. Nous avons établi un solide écosystème DeFi et des fondations robustes.

Quelle est la prochaine étape ?

La décentralisation est notre principal objectif, car nous ne souhaitons pas que Consensys gère tout de bout en bout. La décentralisation du séquenceur est un enjeu majeur. Beaucoup choisissent de ne pas le faire car cela rapporte beaucoup d'argent et il est plus simple de gérer un séquenceur unique performant. Cependant, nous travaillons depuis plusieurs mois à la mise en place d'un séquenceur décentralisé où chacun pourra participer à la création des blocs, indépendamment de Consensys.

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Pouvez-vous nous donner un calendrier de la décentralisation du séquenceur ?

Il est difficile de donner des dates précises pour l'instant, mais dès 2025, des étapes visibles de décentralisation seront mises en place avec plusieurs séquenceurs opérant sur le réseau.

Un token est-il nécessaire pour décentraliser un séquenceur ?

Pour garantir des performances rapides, nous ne pouvons pas attendre qu'une preuve soit vérifiée sur le layer 1, c'est-à-dire Ethereum. Dans le cas d'un Zk Rollup, cette opération prend environ 30 minutes, ce qui est beaucoup trop long. En stakant des actifs sur le layer 2, on peut faire confiance à celui-ci avant les 30 minutes car il n'a pas intérêt à mentir en raison des actifs stakés (car ces derniers peuvent être “slashés” en cas d’erreur ou de tentative de corruption, ndlr). Plusieurs options sont possibles, comme le restaking ou la création d’un token. En tout cas, il est indispensable d'avoir quelque chose à staker.

Beaucoup de tokens de L2 ont déçu à leur lancement, quelle est votre analyse ?

Pour de nombreux projets, l'arrivée d'un token était attendue, comme pour ZkSync (lire notre analyse) et Starknet (lire notre analyse). Le jeu est connu et cela peut entraîner des déceptions si les attentes des utilisateurs sont sous-estimées. Cependant, il est crucial d'avoir plusieurs stacks techniques pour les Zk EVM, et la diversité des projets est une bonne chose.

Les quêtes proposées aux utilisateurs de Linea ont été critiquées par une partie de la communauté, comment abordez-vous ce sentiment ?

Nous assumons pleinement nos choix ! Certaines expériences ont pu décevoir, notamment dans le gaming, mais beaucoup de choses sont nouvelles et il est normal que tout ne soit pas parfait. Les quêtes introduisent une gamification, mais il n'est pas obligatoire de tout faire. Nous l'avons pris en compte dans notre dernière saison en clarifiant que les utilisateurs ne sont pas obligés de participer à toutes les quêtes.

Qu'est-ce qui déterminera le succès de certains L2 par rapport à d'autres ?

Il y a une dimension technique et une dimension business. Sur le plan technique, je pense que 4 à 10 conceptions techniques persisteront, avec environ 5 principales aux missions similaires, et quelques autres plus innovantes. Si ces dernières deviennent pertinentes, les anciennes technologies migreront vers elles. On observe déjà cela avec les rollups optimistes qui envisagent de passer aux Zk Rollups.

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Et sur le plan business ?

La fragmentation de la liquidité entre les différents Zk Rollups est un énorme défi. Les capacités d'exécution élevées seront un facteur différenciant entre les projets. C'est pourquoi nous investissons beaucoup dans cet aspect, ce qui conduira naturellement à une concentration des projets les plus performants.

Quelles sont les performances de Linea aujourd'hui ?

Nous sommes parmi les meilleurs, notamment avec 12 millions de gas par seconde. Nous prévoyons d'augmenter ces capacités de 20% par trimestre, et l'année prochaine, nous espérons atteindre une capacité dix fois supérieure. Cela attirera des applications nécessitant des pics d'utilisation élevés.

La meilleure technologie n’est pas toujours celle qui l’emporte, comment éviter cet écueil ?

Notre écosystème est très solide, comme le montre la DeFi de Linea qui offre déjà l'essentiel. De nombreux développeurs innovent sur notre plateforme, notamment dans le domaine de la "SocialFi". Comparé aux autres ZkEVM, nous sommes parmi les leaders. De plus, notre lien avec Metamask, même s'il n'utilisera pas systématiquement Linea, devrait apporter de nombreux utilisateurs, de la TVL et des nouveaux cas d'usage.

> Joseph Lubin (Consensys) : “La vague de la SocialFi ne fait que commencer”

Linea manque-t-il d'une "killer app" exclusive ?

La plupart des applications se positionnent aujourd'hui sur du multichain, ce qui est cohérent avec l'objectif de décentralisation. Pour les nouvelles applications, Linea offre de nombreux avantages et une valorisation optimale de son écosystème. Les utilisateurs bénéficient également de grandes capacités sans craindre des frais élevés.

Comment vous différenciez-vous de Base, le L2 de Coinbase, qui est également développé par une entreprise historique ?

Base repose sur l'OP Stack d'Optimism et n'est pas un Zk EVM. Ils savent qu'ils devront revoir leur stack à un moment donné. Il est possible que Base utilise un jour la stack de Linea lorsqu'ils passeront au ZkEVM. Il y a une stack du passé et une stack du futur !

Envisagez-vous de créer une "Superchain" comme Optimism, mais adaptée à la stack Zk EVM ?

Nous restons modestes à ce sujet. Les technologies open source seront réutilisées par tous, c'est la philosophie du Web3. Nous serons parmi les premiers à bénéficier des "prouveurs" développés par d'autres écosystèmes.

Cette analyse n'est pas un conseil en investissement. Elle a été rédigée sans prendre en compte votre situation personnelle et notamment votre situation financière, votre profil de risque et vos objectifs d’investissement.

Avant d’investir dans un produit, l’investisseur doit comprendre entièrement les risques et consulter ses propres conseillers juridiques, fiscaux, financiers et comptables.