The Big Whale : Vous étiez très présents à NFT Paris, qui a accueilli beaucoup de monde et de marques. Qu’en avez-vous pensé ?
Pierre-Nicolas Hurstel : Je pense que l’on peut dire que l’événement a été un vrai succès. Il a montré que la France était en pointe sur le Web3 avec un écosystème dense et attractif. Il y avait aussi beaucoup d’étrangers.
Je pense qu’avec les derniers événements du secteur (effondrement de FTX, régulation incertaine aux États-Unis, etc.), l’Europe est en train de devenir le centre de gravité du Web3.
Qu’est-ce qui vous faire dire cela ?
C’est ce qui est ressorti de mes discussions avec les acteurs présents sur place et notamment les fonds d’investissement américains (Andreessen Horowitz notamment, ndlr). Pour eux, c’est en Europe que tout est en train de se jouer. 🇪🇺
Vous avez eu l’occasion d’échanger avec les ministres du Numérique et de la Culture, et même avec la “première dame” Brigitte Macron. Quel message leur avez-vous fait passer ?
Je leur ai dit que ce qu’ils avaient vu étaient bien plus qu’une histoire de jetons numériques dans le luxe et l’art.
Pour la première fois dans l’histoire d’Internet, les utilisateurs peuvent posséder des choses numériques. Avec le Web3, ce ne sont plus quatre ou cinq géants américains qui décident de tout.
Pourquoi les marques ont-elles intérêt à se lancer dans le Web3 ?
Parce qu’il leur permet de créer une nouvelle relation avec leurs clients. Dans le monde physique, les entreprises ont leurs propres boutiques et leurs propres canaux de distribution. Pourquoi auraient-elles besoin de demander la permission à Google ou à Meta pour s’adresser à leurs utilisateurs en ligne ?
Le passage au Web3 va leur permettre d’être dans une relation plus directe, plus qualitative avec leurs clients. C’est un gros enjeu business pour les marques.
Vous insistez souvent sur l’importance du wallet 👛. Pourquoi ?
Pour moi, le portefeuille numérique est une sorte de sac à dos numérique. Il contient toutes nos affaires, nos informations, et nous avons la possibilité de ne révéler que certains éléments qui s’y trouvent. Après, il faut juste faire attention à ne pas perdre ce sac, sinon vous perdez tout !
Quel est l’intérêt d’un tel système dans ces cas-là ?
Il faut bien comprendre que nous avons basculé dans une nouvelle ère. Aujourd’hui, tous les individus ont la possibilité de posséder leurs données, leurs objets et leur identité numérique. C’est un mouvement irréversible.
En face, les marques doivent s’adapter. Des grands groupes comme Meta, qui a bâti un empire sur les données de ses utilisateurs, ont compris qu’il fallait changer, tt toutes les marques commencent à le comprendre.
Demain, au lieu de suivre un internaute avec des cookies (balises), on va le laisser se connecter avec son wallet et fournir les informations qu’il souhaite fournir. C’est la base d’une meilleure relation.
Le client qui se connecte le fait volontairement et en toute conscience, alors qu'aujourd'hui certains grands groupes récoltent des données à son insu.
À quoi ressemblera le wallet du futur ?
Un wallet est une interface avec plusieurs adresses. Demain, ces adresses contiendront des actifs numériques que l’on utilisera tous les jours et d’autres plus rarement. Il y aura également des badges qui garantiront que l’on détient bien un actif numérique placé ailleurs.
Comment résumer l’activité d’Arianee ?
Arianee est une société qui aide les marques à engager leur communauté grâce aux outils du Web3, et notamment les NFTs.
Nous proposons essentiellement 3 cas d’usage : le passeport numérique d’un produit physique, la carte de membre interopérable qui remplace le programme de fidélité "classique", et enfin des actifs numériques comme des photos de profil et demain des wearables de marques pour les métavers.
Quelle technologie utilisez-vous ?
Nous avons notre propre protocole qui est open-source et compatible avec l’ensemble de l’écosystème Ethereum (EVM). Il fonctionne avec un token de paiement qui s’appelle le ARIA20. N’importe qui peut venir créer ses NFTs sur le protocole en l’utilisant.
Quel est l’intérêt d’utiliser Arianee ?
Nous considérons que nos NFTs sont les plus évolués du marché, car ils sont dynamiques et relationnels. Il est possible de vérifier qui les a émis, de les récupérer directement dans un portefeuille (non custodial), de les horodater en fonction de ce qui se passe dans la vie du NFT…
Quel est le modèle économique d’Arianee ?
Lorsque des tokens ARIA20 sont utilisés pour générer des NFTs, une partie d’entre eux revient à l’association Arianee avec qui nous partageons, en partenariat avec des marques (L’Oréal, Richemont, Breitling, Moncler, etc.), la gouvernance du protocole Arianee. 🗳️
L’autre partie est envoyée aux développeurs des applications qui permettent de créer les NFTs. Actuellement, le principal développeur du protocole est la société Arianee. Celle-ci a créé toutes les interfaces pour l’utiliser à l’échelle. Les marques sont quant à elles nos clients.
Vous avez levé 20 millions d’euros en 2022 . Est-ce qu’une nouvelle levée de fonds est prévue ?
Nous ne cherchons pas de nouveaux fonds. Nous sommes actuellement concentrés sur le déploiement de la précédente levée de fonds. La priorité est de développer le produit et de recruter de nouvelles marques. Nous avons de quoi tenir pendant un petit moment (rires) . 🤑
Le token ARIA20 vaut actuellement 10 fois moins qu’à l’automne 2021 où il avait atteint son plus haut historique. Comment gérez-vous la relation avec les investisseurs de l’ICO (émission de jetons) de 2018 ?
Il faut avoir une vision de long terme avec le token. En 2022, il y a eu 1 million de tokens créés sur le protocole. Cette année, ce sera 5 millions de tokens. Le prix va repartir une fois que l’on aura réussi à passer à l’échelle.
Nous travaillons sur le fait d’avoir le plus de marques possibles. Mécaniquement, cela augmentera l’usage du token et donc sa valeur. Cela viendra progressivement, il faut être patient.