C’est une décision sans précédent. Dans la nuit, Donald Trump a signé un décret présidentiel officialisant la création d’une réserve stratégique de Bitcoin détenue par le gouvernement américain. Une première pour une puissance mondiale, qui positionne le Bitcoin comme un actif stratégique aux yeux de l’État fédéral.
Jusqu’à présent, les bitcoins saisis par les autorités américaines lors de procédures judiciaires étaient systématiquement destinés à être liquidés aux enchères. Un modèle que Trump vient de bouleverser : plutôt que de vendre ces avoirs, les États-Unis ont choisi de les conserver comme une réserve de valeur, adoptant une approche similaire à celle de l’or.
Cette nouvelle réserve sera exclusivement alimentée par les bitcoins issus de saisies judiciaires, sans ponctionner le budget fédéral, ce qui sera de nature à rassurer les opposants à cette politique. Ce choix stratégique pourrait également éviter les erreurs du passé : selon certaines estimations, si le gouvernement n’avait jamais vendu ses BTC, il disposerait aujourd’hui de près de 17 milliards de dollars supplémentaires.
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Un inventaire sans précédent des avoirs numériques fédéraux Jusqu’ici, le nombre exact de bitcoins détenus par les États-Unis restait incertain. On l’estime autour de 200 000 BTC (environ 17,5 milliards de dollars au cours actuel), mais aucun audit officiel n’a jamais été réalisé. La plateforme de suivi Arkham Intelligence propose une vue des wallets présumés appartenant au gouvernement.
Ce décret impose désormais un inventaire précis de tous les actifs numériques sous contrôle du gouvernement fédéral.
En complément, une deuxième réserve d’actifs numériques sera constituée, comprenant d’autres cryptomonnaies saisies comme l’ETH, le XRP, le SOL ou l’ADA. Toutefois, aucun nouvel achat n’est prévu pour ces altcoins, évitant ainsi toute forme de spéculation gouvernementale sur ces actifs plus volatils.
L’annonce a été accueillie avec une certaine froideur par les marchés (chute de 6,5 % dans les minutes qui ont suivi, avant de se reprendre), illustrant le phénomène classique du « sell the news », où les investisseurs qui avaient anticipé une annonce majeure prennent leurs bénéfices. Mais au-delà des réactions de court terme, cette décision ancre encore davantage Bitcoin dans le paysage financier mondial.
Signal fort et risque de politisation du sujet Avec cette initiative, Donald Trump tient sa promesse de faire des États-Unis la « crypto capital of the world ». Ce geste envoie un signal fort aux investisseurs institutionnels et pourrait accélérer l’intégration du Bitcoin dans les stratégies financières des grandes entreprises et fonds souverains.
Toutefois, cette décision soulève aussi des questions sur la politisation et l’instrumentalisation du Bitcoin. Tous les quatre ans, à chaque nouvelle administration, la question de la gestion de cette réserve se posera. Faut-il la conserver, la vendre, l’augmenter ? Ce débat pourrait faire du Bitcoin un enjeu électoral et une source d’incertitude pour les marchés.
Et la France dans tout ça ? Contrairement aux États-Unis, la France continue de vendre systématiquement ses bitcoins saisis lors d’enchères publiques. Une stratégie qui pourrait être remise en question à l’aune de la décision américaine.
Rappelons qu’une vente aux enchères médiatisée en 2021 avait vu partir des BTC qui, s’ils avaient été conservés, auraient aujourd’hui quasiement doublé de valeur.
Faut-il s’inspirer de cette approche américaine et commencer à constituer une réserve stratégique ? Alors que la France peine à boucler ses budgets, la question mérite d’être posée.
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