À la base, Usual s’imposait comme un nouvel acteur de la finance décentralisée (DeFi) avec une promesse claire : démocratiser l’accès aux actifs du monde réel (RWA) via un stablecoin innovant, l’USD0. Présenté comme une alternative aux géants du secteur comme l’USDC de Circle ou l’USDT de Tether, ce projet entend proposer une approche plus décentralisée.
Lancé il y a quelques mois, USD0 repose sur un principe simple : chaque token est entièrement adossé à des bons du Trésor américain, garantissant ainsi une stabilité proche du dollar. Une stratégie qui semble porter ses fruits, puisque le stablecoin figure actuellement au 7ᵉ rang mondial des plus grandes capitalisations de stablecoins selon DeFiLlama. Sa croissance a été particulièrement marquée entre décembre et janvier, période durant laquelle sa capitalisation a triplé pour dépasser 1,5 milliard de dollars.
En complément, Usual propose un second produit : USD0++, qui reprend le principe du Liquid Staking appliqué aux stablecoins. Contrairement à l’USD0, il ne s’agit pas d’un stablecoin classique, mais d’un token permettant de générer des rendements via un mécanisme de staking.
Concrètement, en immobilisant de l’USD0 dans le protocole, l’utilisateur reçoit de l’USD0++, qui fonctionne comme une obligation tokenisée. Ce dernier génère des intérêts payés en USUAL, le token natif du protocole. Deux options s’offrent alors aux investisseurs :
Récupérer les intérêts en USUAL. Ne pas les réclamer et bénéficier d’un rendement minimum garanti en USD0, via un mécanisme de compensation intégré au protocole. Après quatre ans, l’utilisateur récupère son capital initial en USD0, sécurisant ainsi son investissement tout en bénéficiant de rendements.
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Pourquoi l’USD0++ n’est pas un stablecoin ? Ces dernières semaines, le sujet de l’USD0++ a été largement débattu sur X (ex-Twitter) et d’autres plateformes, alimentant une confusion persistante : contrairement à ce que de nombreux threads et discussions ont laissé entendre, l’USD0++ n’est pas un stablecoin.
Son fonctionnement est plus complexe et s’apparente davantage à une obligation zéro-coupon, un instrument financier bien connu dans la finance traditionnelle.
À la différence des obligations classiques, qui versent des intérêts périodiques, une obligation zéro-coupon ne génère aucun paiement intermédiaire. L’investisseur l’acquiert à un prix inférieur à sa valeur nominale et encaisse son gain lorsqu’elle arrive à maturité.
Par exemple, une obligation achetée 850 $ peut être remboursée 1 000 $ après 5 ans, générant ainsi un gain de 150 $ sans versement d’intérêts réguliers.
L’USD0++ repose sur le même principe : son prix initial est d’environ 0,87 $ et il s’apprécie progressivement pour atteindre 1 $ après 4 ans (la maturité des obligations du Trésor sous-jacentes). Mais avec une particularité supplémentaire :
Les détenteurs peuvent récupérer leurs intérêts en $USUAL, le token natif du protocole. S’ils ne les réclament pas, un rendement minimum garanti en USD0 leur est réservé. Ce mécanisme hybride permet d’intégrer des dynamiques de staking à un actif dont la valorisation est programmée dans le temps, mais sans garantir une stabilité immédiate du prix comme un stablecoin classique.
En théorie, ce fonctionnement semble parfaitement cadré. Mais si vous suivez l’actualité crypto, vous n’avez sans doute pas échappé à la controverse qui a secoué Usual en janvier. Un événement qui a mis en lumière plusieurs limites et soulevé des questions sur la viabilité du protocole.
Un changement dans les conditions de rachat de l’USD0++ Jusqu’au 9 janvier, les utilisateurs pouvaient encore échanger librement leur USD0++ contre de l’USD0 à un taux fixe de 1:1 directement via le protocole Usual. Mais dans la nuit du 9 au 10 janvier, un revirement inattendu est intervenu : la conversion à parité a été remplacée par un seuil minimal de 0,87 $, un changement qui a pris de court une grande partie de la communauté.
Quoi qu'il arrive, ce nouvel ajustement visait à aligner l’USD0++ sur sa véritable nature : une obligation zéro-coupon associée à un mécanisme d’émission de tokens. Jusqu’à cette annonce, de nombreux investisseurs considéraient encore cet actif comme un stablecoin, malgré sa structure plus complexe.
Ce changement a eu des conséquences immédiates sur le marché. Ceux qui avaient investi dans USD0++ en pensant pouvoir le convertir à tout moment à parité avec USD0 ont subi une dévaluation soudaine. Au plus fort de la volatilité, la perte a atteint jusqu’à 14 %.
Le problème ne réside pas tant dans la nature de l’USD0++, mais plutôt dans la manière dont la transition a été gérée. Officiellement, Usual avait précisé dès le départ qu’il ne s’agissait pas d’un stablecoin et que le mécanisme de rachat à 1:1 avait une période de grâce temporaire.
Mais plusieurs points ont nourri la frustration des utilisateurs :
Le whitepaper mentionnait bien la fin de cette période, mais sans préciser la date exacte. Initialement, il était seulement indiqué qu’elle prendrait fin au premier trimestre 2025. Aucune communication proactive n’a été faite en amont pour alerter clairement la communauté sur ce changement imminent. L’annonce a été soudaine, rendant impossible toute anticipation de la part des investisseurs. Résultat : de nombreux utilisateurs se sont retrouvés bloqués avec leurs USD0++ pour quatre ans ou contraints de vendre à perte.
Le timing de ce changement a également interpellé. Usual a modifié son mécanisme juste après une période de forte croissance, au moment où la valeur totale verrouillée (TVL) atteignait un record historique (ATH) de 1,9 milliard de dollars.
Autre élément troublant : cette modification est intervenue peu après l’airdrop de mi-décembre, un événement qui avait attiré un afflux massif d’utilisateurs, séduits par les rendements et l’optimisme ambiant sur X. Les airdrops augurent souvent le départ d’une partie de la liquidité vers d’autres application à “farmer” dans le but de recevoir un nouvel airdrop.
Cette séquence met en lumière un défi majeur pour Usual : gérer la confiance de sa communauté dans un écosystème où la transparence et la communication sont essentielles.
Les conséquences : chute de la TVL, effondrement du token et réactions du marché Le 8 janvier, à la veille du changement de mécanisme, la TVL d’Usual atteignait son plus haut historique avec environ 1,9 milliard de dollars déposés sur le protocole (source ). Mais depuis cette date, la tendance s’est inversée. En l’espace de deux mois, la TVL a chuté d’800 millions de dollars, tombant à 1 milliard, une baisse qui continue de s’accentuer jour après jour. À la date où nous écrivons ces lignes, aucune stabilisation n’a été constatée.
Déjà en déclin avant l’annonce, le token USUAL n’a fait qu’accélérer sa chute dans un contexte de marché difficile pour les altcoins. Attribuer l’ensemble de sa baisse aux turbulences du protocole serait exagéré, mais la mauvaise presse autour de l’USD0++ n’a clairement pas aidé.
Autre problème : USUAL est un token inflationniste, distribué aux détenteurs d’USD0++ sous forme de récompenses. Cette pression vendeuse permanente a contribué à un effondrement de 85 % par rapport à son ATH.
La situation a rapidement enflammé X, où plusieurs figures de la communauté crypto ont pris la parole. Certains ont même accusé Adli.eth (Adli Takkal Bataille), l’un des cofondateurs du protocole, d’avoir utilisé le trésor d’Usual pour liquider des utilisateurs. Une accusation qui s’est finalement révélée infondée.
Mais au-delà de ces polémiques, la modification du mécanisme a eu des répercussions bien plus larges, affectant plusieurs protocoles interconnectés avec Usual.
Les pools Pendle PT, censées être parmi les plus sûres, sont passées en négatif, provoquant des tensions au sein de la communauté DeFi.
MEV Capital, qui avait lancé un vault USD0 sur Morpho avec 10 % de frais de performance, a aussi été pris dans la tempête. De nombreux utilisateurs avaient déposé leurs USD0++ en garantie pour emprunter de l’USDC, pensant que l’actif resterait stable. Heureusement, les liquidations ont été limitées grâce à l'oracle codé en dur mis en place, ce qui a permis d’éviter un carnage. Mais un autre problème a émergé : des utilisateurs se sont retrouvés bloqués dans le vault, incapables de retirer leurs fonds sans subir de pertes.
Face aux critiques, MEV Capital s’est défendu sur les réseaux sociaux et a rapidement suspendu les frais de performance pour apaiser la situation.
Mais en l’espace de quelques semaines, Usual est passé d’un projet en pleine ascension à un protocole sous haute surveillance. La chute de sa TVL, l’effondrement de son token et les controverses autour de la gestion de la crise posent une question clé : peut-il regagner la confiance des investisseurs ?
Comment Usual a-t-il réagi face à la crise ? Confronté à la controverse autour de l’USD0++, Usual n’a eu d’autre choix que de réagir. Le 10 janvier, le protocole a publié un communiqué sur X (anciennement Twitter) pour s’excuser de la suppression du ratio 1:1 entre l’USD0 et l’USD0++. Mais au-delà des excuses, l’équipe a cherché à rassurer sa communauté en proposant plusieurs initiatives pour offrir des solutions de sortie aux utilisateurs impactés.
1/ Un mécanisme de rachat anticipé sous conditions
Usual a introduit un dispositif permettant aux détenteurs d’USD0++ de les échanger contre des USD0 à un ratio de 1:1 sans atteindre 4 ans. Cette conversion implique toutefois le versement d’une certaine quantité de tokens USUAL, dont le montant varie en fonction de l’offre et de la demande.
La contribution des utilisateurs est plafonnée à l’équivalent de six mois de récompenses USUAL par USD0++, et les tokens collectés sont répartis comme suit :
33,33 % sont brûlés afin de réduire l’offre en circulation, 66,67 % sont redistribués aux détenteurs de long terme via USUALx et USUAL* (des tokens USUAL stakés). Ce mécanisme permet une sortie anticipée, mais à un coût supplémentaire, ce qui suscite des critiques au sein de la communauté.
2/ Un coffre iUSD0++ adossé au sUSDe
Pour offrir une alternative aux détenteurs d’USD0++, Usual a annoncé la création d’un coffre iUSD0++ destiné à optimiser la valeur des actifs bloqués. Ce dispositif repose sur un échange temporaire d’USD0++ contre des USD0, qui sont ensuite placés dans du sUSDe, un stablecoin générant des rendements.
Les utilisateurs bénéficient ainsi d’un double avantage :
• Ils continuent de percevoir des récompenses en USUAL, comme s’ils détenaient encore des USD0++,
• Ils profitent des rendements du sUSDe, améliorant ainsi leur rentabilité.
Toutefois, ce coffre n’est pas encore disponible, limitant son impact immédiat.
3/ Un nouveau pool de liquidité USD0++/USD0
Usual a également lancé un pool de liquidité dédié aux échanges entre USD0++ et USD0. L’objectif est de fluidifier le marché et d’assurer un prix plus stable pour l’USD0++, facilitant ainsi les transactions entre les deux actifs.
Dans le même temps, en février, le protocole a introduit l’USL (Usual Stability Loan), un mécanisme permettant d’emprunter de l’USD0 à taux fixe en mettant en garantie des USD0++.
Une réponse suffisante ?
Avec trois premières mesures, Usual espérait rassurer les utilisateurs et rétablir un équilibre. Pourtant, certains observateurs soulignent que ces solutions impliquent encore des coûts ou des contraintes pour les détenteurs d’USD0++, laissant planer un doute sur leur efficacité à restaurer pleinement la confiance. D’autant que l’iUSD0++ reste indisponible à ce jour. Autrement dit, ces initiatives semblent avant tout avoir été mises en place pour contenir le mécontentement immédiat des utilisateurs.
Mais Usual ne s’est pas arrêté là.
En février, la plateforme a lancé l’Usual Stability Loan (USL), un mécanisme permettant d’emprunter de l’USD0 à taux fixe et réduit, en mettant en garantie l’USD0++. Ce dispositif offre aux utilisateurs un accès à des liquidités sans se défaire de leurs actifs, tout en continuant à percevoir des récompenses. Une stratégie qui semble porter ses fruits : en un mois seulement, environ 110 millions de dollars d’USD0++ ont déjà été déposés sur Euler.
Dès janvier, Usual avait également activé le Revenue Switch, un mécanisme redistribuant 100 % des revenus mensuels du protocole aux stakers d’USUALx, sur une base hebdomadaire. Pour être éligibles, les tokens doivent rester stakés durant l’ensemble de l’époch hebdomadaire. À l’heure actuelle, ces distributions représentent environ 700 000 dollars par semaine, soit 2,8 millions de dollars par mois en USD0 – un complément significatif aux rendements du staking de USUAL.
Avec la croissance de la valeur totale verrouillée (TVL) et des revenus du protocole, les rendements pour les détenteurs d’USUALx devraient suivre la même trajectoire. La hausse continue du nombre de tokens USUAL stakés, atteignant régulièrement de nouveaux sommets, témoigne d’un intérêt grandissant pour ce modèle de redistribution.
@desnakeee /$USUAL analyticsUn simple accident ou un problème systémique ? La question mérite d’être posée. Adli Takkal Bataille a expliqué le 10 janvier que prévenir les utilisateurs à l’avance du changement de mécanisme aurait pu condamner le protocole . Un argument repris par l’autre cofondateur Pierre Person lors de son interview sur The Big Whale , qui estime que cet épisode ne remet pas en cause les fondations d’Usual.
Mais cette justification suscite des interrogations. Si une simple annonce pouvait mettre en péril le protocole, ne serait-ce pas le signe d’une architecture fragile ?
Adli Takkal Bataille défend pourtant cette approche en expliquant que la finance est un “jeu individuel” et que dévoiler ce changement aurait provoqué une réaction en chaîne fatale.
Il décrit également le cas extrême d’une annonce prématurée qui aurait pu inciter trop d’utilisateurs à échanger massivement leurs USD0++ contre des USUAL, diluant ainsi les autres détenteurs et réduisant les revenus futurs de la DAO.
Cette baisse des revenus aurait entraîné une chute du prix d’USUAL, accélérant l’exode des utilisateurs et fragilisant encore davantage l’écosystème et entraînant sa disparition.
Si l’erreur de communication est évidente, elle semble néanmoins avoir bien arrangé le projet Usual en évitant une fuite des capitaux. Mais cette stratégie s’est faite au détriment des utilisateurs, qui n’avaient pas pleinement saisi les subtilités du protocole. Certains estiment d’ailleurs que cet « accident » n’en était pas un, mais plutôt une nécessité pour préserver le projet.
Difficile, dès lors, de ne pas s’interroger : pourquoi ne pas avoir directement fixé le prix réel de l’USD0++ dès le départ ? Était-ce uniquement pour attirer plus facilement de la liquidité grâce à des rendements attractifs et faciliter le marketing du protocole ? Une question qui reste en suspens.
Quel impact à long terme ? Que ce soit en termes d’image ou d’adoption, la gestion de cette crise a inévitablement laissé des traces. Or, la confiance est un élément clé pour un stablecoin, surtout lorsqu’il repose sur un modèle aussi innovant que l’USD0++. Si Usual ne parvient pas à rassurer sa communauté et à démontrer la viabilité de son mécanisme, son développement pourrait être sérieusement compromis. Depuis l’annonce du changement, la TVL du protocole est en baisse constante, illustrant une perte d’attractivité incontestable.
La communication autour de cette affaire apparaît également contradictoire. D’un côté, Usual affirme qu’annoncer le changement à l’avance aurait mis en péril le protocole. De l’autre, l’équipe minimise l’incident en le présentant comme un simple problème de communication. Une chose est certaine : la transparence et l’éducation autour de ces mécanismes auraient dû être au cœur de la stratégie bien avant que la situation ne dégénère.
Mais cet épisode signe-t-il la fin d’Usual ? Pas nécessairement. D’autres projets ont traversé des crises majeures avant de se relever.
Prenons le cas de Solana. Entre 2021 et 2022, le réseau a connu plusieurs pannes, entachant sa réputation. Puis, l’effondrement de FTX – qui détenait une quantité significative de SOL – a provoqué un crash de plus de 80 % du prix du token. Pourtant, en l’espace d’un an, Solana a su rebondir : aucune panne majeure n’a été signalée depuis plus d’un an, des améliorations techniques ont renforcé la fiabilité du réseau, et l’écosystème a regagné l’intérêt des développeurs. Le prix du SOL a atteint un nouvel ATH récemment, et la TVL de l’écosystème a explosé.
Tous les projets n’évoluent cependant pas dans le même contexte qu’Usual. Chaque crise est unique, et dans l’univers de la crypto, les retournements de situation sont fréquents. Un protocole peut traverser une phase de déclin avant de rebondir, en fonction des choix stratégiques adoptés.
Aujourd’hui, l’avenir d’Usual dépend de sa capacité à restaurer la confiance de sa communauté. La crédibilité du projet a été ébranlée, et l’impact de cette crise est encore trop récent pour espérer un redressement immédiat. La suite dépendra de la façon dont Usual adaptera son modèle et, surtout, de sa capacité à prouver que ses fondations restent solides.
L’avis de The Big Whale Dans cette affaire, plusieurs acteurs portent une part de responsabilité. D’un côté, certains investisseurs n’ont pas pris le temps d’analyser en profondeur la documentation du protocole, se fiant principalement à des threads sur X et aux rendements prometteurs mis en avant par Usual. De l’autre, le protocole lui-même aurait dû faire preuve d’une transparence bien plus grande.
Si l’équipe a reconnu une erreur de communication, les cofondateurs ont, à plusieurs reprises, présenté ce changement comme une nécessité stratégique pour la survie du projet. En réalité, cette décision a eu pour effet concret de verrouiller les fonds de certains utilisateurs, soulevant des interrogations sur l’équilibre entre gestion du risque et protection des investisseurs.
Si certains éléments étaient bel et bien mentionnés dans le whitepaper, ils n’étaient pas mis en avant de manière explicite, ce qui pose problème pour un protocole aussi complexe qu’Usual. L’annonce soudaine du changement de mécanisme a aggravé la situation, d’autant plus qu’elle a été suivie d’une campagne de FUD qui a accentué la panique. À cela s’ajoute une stratégie marketing qui a principalement insisté sur les bénéfices, minimisant les risques et les contraintes du modèle économique.
Que l’on considère cette crise comme une simple erreur de communication ou comme un choix stratégique assumé, une chose est certaine : cette décision a, pour l’instant, davantage servi les intérêts d’Usual que ceux de ses utilisateurs.
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