The Big Whale : Vous venez d’annoncer le lancement de Cube3. Quelle est la genèse du projet ?
Valentin Demé : L’idée remonte à une petite année et à des échanges que nous avons eus avec l’équipe et des membres de l’écosystème. Nous nous sommes dits que ce serait bien de créer une sorte de "vaisseau amiral" pour propulser, structurer et financer des projets du Web3 .
Pour lancer Cube3, nous nous sommes associés avec WeForge qui offre des services à 350 entrepreneurs entre Angers, Cholet et La Roche-sur-Yon. Ils avaient la capacité de gérer un lieu de vie d’entrepreneurs, ce que nous ne savons pas faire.
En quoi cet incubateur se distingue-t-il des autres ?
Il y a évidemment d’autres structures en Europe et en France, comme PyratzLabs, mais je trouve qu’ils ressemblent davantage à un studio de start-up, car les idées viennent principalement de Bilal El Alamy (l’un des cofondateurs, ndlr) .
Plus globalement, il y a de nombreux incubateurs-accélérateurs, mais ils ne sont pas spécialisés dans le Web3. En tout cas, pas autant que Cube3. Le web3 est souvent une activité parmi les autres.
Combien de personnes vont travailler pour Cube3 ?
Au départ, il y aura trois salariés, puis ils seront plus nombreux. Leur rôle est d’accompagner les entrepreneurs au quotidien, car les différents mentors et conseillers, comme Faustine Fleuret de l’Adan, Owen Simonin de Meria (qui est aussi connu comme Hasheur sur Youtube, ndlr), Ivan de Lastours de Bpifrance, ne seront pas présents tous les jours sur place.
À quelles entreprises s’adressent Cube3 ?
Pour la partie incubation, Cube3 s’adresse à des entrepreneurs qui ont une bonne idée, mais pas encore de chiffre d’affaires. Nous allons les aider à se structurer sur une phase d’environ six mois.
Ensuite, il y a la phase d’accélération, là où les projets ont besoin de se développer rapidement avec des problématiques réglementaires ou financières. Cette phase dure, quant à elle, 12 mois.
Combien de sociétés allez-vous avoir chez Cube3 ?
Nous allons annoncer une première sélection de start-up le 1er juillet lors d’une grande conférence. Une seconde sera présentée en fin d’année. En tout, nous comptons accueillir environ 100 personnes, soit une vingtaine de projets.
Nous avons déjà reçu 40 candidatures, mais nous allons prendre le temps de sélectionner les plus prometteuses. Comme nous allons prendre des parts au capital de certaines entreprises, la logique est vraiment d’aller chercher les meilleures.
Quel est le prix d’entrée pour être incubé ?
Sur la partie incubation, c’est gratuit et nous prenons des parts dans l’entreprise. Sur la partie accélération, c’est un mix entre prise de participation et/ou loyer.
Quel est l’actionnariat de Cube3 ?
Nous sommes six : moi-même et les trois fondateurs du média Cryptoast, ainsi que les deux fondateurs de WeForge.
Quel est la nature de la relation entre Cryptoast et Cube3 ?
Cryptoast sera le plus gros partenaire média de Cube3. Ça nous permettra de faire plein de choses sur la création de contenus, afin de créer des ponts pour la communication des start-up incubées.
Allez-vous conserver votre poste chez Cryptoast ?
C’est la grande question. Forcément, ça tendra à se réduire en termes de temps, mais je resterai associé chez Cryptoast.
Pour l’instant, je reste le directeur des contenus du média, au moins jusqu’à cet été. Nous verrons comment cela se passera à la rentrée et comment j’arriverai à jongler entre journaliste et investisseur, mais je serai moins journaliste, c’est certain.
Qu’est-ce qui fait qu’Angers est une place de choix pour mener à bien ce projet ?
Angers est une ville portée sur la technologie. Sur les 160.000 habitants intra-muros, il y a 10.000 emplois liés aux technologies.
La Tech est traditionnellement installée à Paris. Comment comptez-vous faire pour attirer des start-up ?
Angers reste à 1h15 de Paris en TGV, ce n’est pas si loin. Après, tout est une histoire d’attractivité. Nous avons déjà prévu des annonces de la part de gros acteurs du secteur, qui seront faites à Cube3.
Avec l’ambition que nous avons, j’espère que les Parisiens et les autres feront le déplacement. Si Lyon est la capitale de la gastronomie, Angers a le potentiel de devenir la capitale du Web3 !
Les éléments de langage ont été bien travaillés…
J’ai suffisamment écrit d’articles pour savoir ce qui marche (rires).
Quelle est votre vision à long terme pour Cube3 ?
Je pense qu’il y a des choses à faire avec les pôles universitaires qui n’ont actuellement pas beaucoup de choses à offrir autour du Web3. Nous allons également avoir une série diffusée sur YouTube où nous sortirons chaque semaine des vidéos de 15 minutes avec Cryptoast et d’autres médias partenaires qui raconteront la vie de l’incubateur et des start-up.
Je m’inspire beaucoup de ce qu’a réussi à faire le youtubeur Amixem en attirant beaucoup d’autres créateurs de contenus français (Joyca, Mastu, Theodort, etc.) à s’installer à Angers pour développer un écosystème indépendant loin de la régie Webedia. Il a réussi à attirer des sociétés de production, de publicité, c’est un modèle à suivre.
Comment avez-vous financé le projet ?
Nous n’avons pas voulu faire de levée, mais comme il nous fallait quand même des fonds pour le démarrage - une centaine de milliers d’euros - nous nous sommes appuyés sur des entreprises partenaires, comme un cabinet d’expert-comptable, Fox Audit, le cabinet d’avocats ORWL ou une banque dont nous communiquerons le nom d’ici quelques semaines.
Ces entreprises payent une sorte d’abonnement annuel pour être dans le lieu, avoir leur logo, passer dans notre future série Youtube. Cela leur permettra également d’avoir des clients parmi les entreprises incubées.