Dans une période d'aversion au risque et d'incertitude sur les contours de cette nouvelle version annoncée d'Internet, les acteurs du Web3 sont confrontés à un double défi : démontrer leur utilité économique et s'insérer dans le cadre des développements législatifs et réglementaires qui déferlent dans le domaine de l'économie numérique.
Pour relever ce double défi, le Web3 devra rapidement être accompagné de garanties concernant la robustesse et la sécurité de son modèle, et se soumettre à une nouvelle forme de contrôles que les superviseurs souhaiteront effectuer sur certaines transactions qui y seront opérées.
Fort d'un écosystème "crypto" qui s'est développé en France depuis près de cinq ans, composé principalement de plateformes d'échanges et de prestataires en matière de sécurité technologique, les acteurs du Web3 pourront s'appuyer sur la profondeur du marché français à la recherche de leviers de croissance.
Ils ne devraient sans doute pas être les seuls à profiter des opportunités de cette transition numérique. Les acteurs institutionnels, notamment financiers , pourraient également apporter leur savoir-faire, par exemple, dans l'exécution des paiements et la maîtrise des contraintes réglementaires. En témoignent leurs nombreuses initiatives et contre-offensives en matière de blockchain, publique ou privée, et leurs premiers pas observés encore récemment sur le marché des cryptoactifs.
Portés par l'impulsion des pouvoirs publics qui œuvrent pour que la France réussisse mieux sa transition vers le Web3 que son passage à Internet il y a une trentaine d'années, il suffit d'observer la présence des banques, des dépositaires, et plus largement du secteur financier, dans les travaux de place et les négociations européennes. Ils semblent en effet avoir intégré dans leurs stratégies à long terme, l'évolution des échanges et l'émergence de nouveaux instruments numériques tels que les crypto-monnaies, stablecoins , et autres NFT.
Le droit, une arme en matière d'attractivité ? Reste à savoir ce qui dominera après l'avalanche réglementaire déjà enclenchée au niveau européen uniquement ? Le règlement européen MiCA, applicable au marché des cryptoactifs , commencera à entrer en application dès cet été, ce qui devrait avoir pour conséquence de consolider le marché des prestataires et des émetteurs, et de faire émerger quelques acteurs qui pourraient imposer leurs standards, face à leurs concurrents étrangers.
De même, DORA, le règlement-phare en matière de cybersécurité pour le secteur financier européen, s'appliquera dès janvier 2025, et devrait progressivement obliger les prestataires "crypto" qui y seront également soumis, à aligner leurs modèles opérationnels sur une ligne commune en matière de résilience opérationnelle.
Face à cette recomposition du marché sous-jacent au monde du Web3, qui devrait emprunter largement les voies des protocoles blockchain et de toutes sortes de cryptoactifs, les investissements pourraient alors se porter vers les meilleurs élèves en matière de confiance numérique.
Alors que la France a été pionnière en matière de réglementation dans ce domaine, le pays pourrait sans doute bénéficier d'un certain attrait pour les investissements dans le Web3 au cours des prochaines années. Le droit pourrait ainsi servir d'arme offensive en matière d'attractivité, et recréer de la confiance au sein d'un nouvel écosystème en recherche de légitimité et de croissance.