Monerium va devenir le premier acteur crypto à avoir accès au marché Forex. L’entreprise islandaise pourrait devenir incontournable, aussi bien dans le monde crypto que dans la finance traditionnelle.

Monerium n’est pas l’entreprise la plus connue de l’écosystème, mais la petite start-up islandaise (une trentaine d’employés) avance vite. À l’occasion d’EthCC, la grand-messe européenne de l’univers Ethereum, elle a annoncé début juillet qu’elle sera bientôt capable de se connecter au Forex, le marché international des devises, ce qui devrait aider de nombreux acteurs de la finance décentralisée (DeFi).

En effet, les protocoles de market making automatisés (AMM) et les échanges décentralisés (DEX) comme Uniswap affichent souvent des spreads très importants lorsqu’on souhaite échanger, par exemple, des stablecoins en euros contre des stablecoins en dollars. Sur ce type d’activité, les marchés de change traditionnels restaient largement plus efficaces que leurs équivalents blockchain. Mais Monerium pourrait bien résoudre ce problème.

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Concrètement, si vous souhaitez échanger 100 millions de stablecoins en dollars, vous pourrez obtenir l’équivalent en stablecoins en euros au taux du Forex, le marché international des devises. Comment Monerium y parvient-il ? Tout simplement parce que ses licences réglementaires lui permettent d’accéder au Forex. C’est le seul acteur “crypto” dans ce cas-là.

“Près de 8000 milliards de dollars sont échangés chaque jour sur le Forex”, explique Gísli Kristjánsson, co-fondateur et Chief Technical Officer (CTO) de Monerium. “Notre objectif est de permettre à nos utilisateurs d’avoir accès à cette liquidité en mettant à disposition un accès régulé pour cela.”

Cette nouvelle fonctionnalité, qui sera disponible au troisième trimestre 2024, pourrait faire décoller ses stablecoins maison (EURe, USDe et GBPe) qui sont au centre du mécanisme. Le plus important d’entre eux, l’EURe, dispose d’une capitalisation de “seulement” 15 millions d’euros.

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Un acteur peu connu du grand public mais précurseur

L’histoire de Monerium a débuté en 2015 sous l’égide de deux de ses co-fondateurs, Jón Helgi Egilsson, ancien président du conseil de surveillance de la banque centrale d'Islande, et Sveinn Valfells, l’actuel CEO. “C’est en voyant arriver Ethereum en 2015 que nous avons compris que le futur des monnaies traditionnelles serait sur des blockchains publiques”, expliquait-il fin mars à The Big Whale.

L’entreprise a fait très tôt le choix de la régulation en obtenant dès 2019 une licence d’établissement de monnaie électronique (EME) pour émettre un stablecoin dans l’Union européenne. Un pari gagnant, car c’est ce précieux sésame qui est désormais obligatoire depuis le 1er juillet 2024 pour quiconque souhaite émettre et distribuer des stablecoins en Europe. À ce jour, Monerium fait partie des seuls acteurs, avec les géants SG-Forge (filiale de Société Générale) et l’Américain Circle (qui émet l’USDC et l’EURC), à détenir cette licence.

“Si vous voulez émettre l’équivalent de la monnaie traditionnelle sur blockchain, la régulation est inévitable”, souligne Sveinn Valfells. “Pour nous, le cadre de la monnaie électronique apparaissait comme le moyen réglementaire le plus simple et le plus sûr pour émettre un stablecoin”, continue-t-il.

Monerium complète son offre de stablecoins avec la possibilité d’obtenir un IBAN islandais permettant de connecter l’univers crypto et la finance traditionnelle en quelques clics. Ce produit est probablement l’un des plus efficaces pour l'on/off ramp en Europe. Monerium ne prélève aucun frais sur les opérations.

Selon nos informations, l’entreprise gagne principalement de l’argent en fournissant son infrastructure aux acteurs institutionnels qui souhaitent intégrer ce mécanisme et en investissant une partie de la réserve de son stablecoin euro. Elle revendique aujourd’hui travailler avec 2500 clients, dont une centaine d’entreprises.

À plus long terme, Monerium entend devenir une plateforme régulée de référence pour faire le pont entre le monde financier et la finance décentralisée. L’entreprise aime se présenter comme un Revolut ou un Wise, qui ont révolutionné le marché des devises en cassant les prix, mais en offrant l’avantage du Web3 qui permet à quiconque de se connecter à ses services.

Mais la bataille sera rude : selon nos informations, d’autres émetteurs de stablecoins travaillent sur une proposition similaire.

Cette analyse n'est pas un conseil en investissement. Elle a été rédigée sans prendre en compte votre situation personnelle et notamment votre situation financière, votre profil de risque et vos objectifs d’investissement.

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