Lentement, mais sûrement. Depuis quelques mois, et le phénomène s'est récemment accéléré, les cryptomonnaies ont repris des couleurs. Au point que certains parlent déjà du retour du Bull Market. Mais est-ce vraiment le cas ?
S'il est évidemment impossible de le dire (coucou Madame Irma 🔮), il est en revanche possible de sonder les intentions des investisseurs, et c'est ce que nous avons fait. Avec YouGov, nous avons interrogé 1021 Français (adultes évidemment) sur les cryptomonnaies, ce qu'ils en pensent, et s'ils pourraient ou non investir dedans. Les résultats sont assez intéressants !
👉 Une thèse d'investissement qui s'installe
Sans trop de surprise, le pourcentage de Français qui déclarent avoir investi dans les cryptomonnaies est à peu près équivalent à ce qui sort depuis deux ans dans les études : un peu en dessous de 10% (8% exactement dans le sondage). Selon l’étude annuelle de KPMG réalisée pour l’association de développement des actifs numériques (Adan), 9,4% des Français ont déjà investi dans les cryptomonnaies.
C'est en revanche différent quand on regarde du côté du pourcentage des Français qui se disent "incités à investir" dans les cryptomonnaies. Là, le chiffre du sondage YouGov monte à 18%, soit près d'un Français sur cinq. Jusqu'à présent, les sondages portaient sur la “possibilité” d’investir (26% des Français se disent intéressés selon l'étude de l'Adan/KPMG), alors que cette fois-ci la position semble plus affirmative.
Un choix favorisé par l'inflation et le faible rendement des produits d'investissement classiques comme le Livret A ou les produits d'assurance-vie. Ces produits ont certes l'avantage d'être garantis - tout le capital est garanti pour le Livret A - mais les rendements restent relativement faibles, surtout dans le contexte d'inflation actuelle.
Avec une inflation encore actuellement au-dessus de 4% en rythme annuel, le Livret A et son taux de 3% par an (plafonné à 22.950 euros) ainsi que les contrats d'assurance-vie (non plafonnés) et leurs 2% de rendement annuel ne pèsent forcément pas bien lourd.
Il n'y a que les actions qui pourraient offrir un rendement plus intéressant, avec évidemment plus de risque, mais, même là, les cryptomonnaies semblent plus attractives. Depuis le début de l'année, le CAC 40 a progressé de 15% et le S&P 500 de 20%. En face, le bitcoin a plus que doublé sur la même période (+151%). De son côté, l'ether a progressé de 84%.
Point intéressant, le pourcentage des Français qui disent qu'ils vont investir dans les cryptomonnaies est inversement proportionnel à leur âge : chez les plus jeunes, c'est-à-dire les 18-24 ans, la proportion monte à 37% tandis qu'elle n'est que de 8% pour les plus de 55 ans.
👉 Un sujet de plus en plus médiatisé
La probable mise sur le marché d'un ETF Bitcoin Spot aux États-Unis est la narrative qui porte l'écosystème depuis maintenant de nombreux mois et selon notre sondage, 12% des répondants déclarent en avoir entendu parler.
Pour rappel, les ETF (Exchange-Traded Funds) ont connu un succès important ces 30 dernières années et ont contribué à la démocratisation des actions. Certains analystes expliquent que les ETF "Spot", qui sont basés sur de vrais bitcoins (on vous explique tout ici ), pourraient avoir un effet similaire sur le marché aux ETF actions dans les années 1990.
À l’autre bout du spectre, plusieurs informations ont donné de la résonance au sujet des cryptos, mais pas en bien. C’est évidemment le cas de la chute de FTX et du procès de son fondateur, Samuel Bankman-Fried (25%). C’est aussi celui de la chute des NFT . Presque un Français sur trois (31%) a ainsi entendu parler du sujet.
Ce chiffre s’explique notamment par le fait que le sujet des NFT a très vite touché le grand public, avec des collections aussi emblématiques que celle des Bored Ape . Le problème, c'est que beaucoup d'entre elles, après avoir fortement progressé, ont aussi sec redescendu la pente. Du véritable pain béni pour certains chroniqueurs de plateau télé mainstream 😏.
👉 Une mauvaise réputation qui colle à la peau
Conséquence logique des nombreux bad buzz, les NFTs et les cryptomonnaies gardent globalement une très mauvaise image dans l’opinion. Pour 42% des répondants du sondage, les cryptomonnaies sont avant tout un produit "spéculatif", tandis que 39% d’entre eux estiment que c'est un “phénomène de mode”.
"Aujourd'hui, l’univers crypto est assez simple à critiquer parce qu'il n'y a pas encore de cas d'usage identifié par le grand public", souligne Stanislas Barthélemi, responsable blockchain & crypto chez KPMG.
Évidemment, la chute des cours et les scandales très médiatisés comme celui de FTX n'ont pas aidé 😅. Mais si l'on va plus loin, le secteur peine encore à justifier son utilité pour la société et devra aller au-delà des simples promesses pour favoriser l'adoption.
En revanche, il est tout de même intéressant de noter que 27% des personnes interrogées déclarent penser que dans le futur, certaines transactions financières comme le versement des salaires ou le paiement dans certains commerces se feront en cryptomonnaies 👀.
Si les banques restent très frileuses pour proposer des solutions d'investissement à leurs clients particuliers, elles avancent de plus en plus sur les sujets de tokenisation (lire notre rapport ici ). "C'est également un cas d'usage concret qui peut avoir de l'écho auprès du grand public", complète Stanislas Barthélemi.
L’étude complète est à retrouver ici .